Peut-on parler du culte de la personnalité aussi bien dans les régimes occidentaux qu’arabes? Telle est la question que tout le monde se pose… Car depuis la nuit des temps, les puissances ont connu des dirigeants appelés par leur peuple leaders, Zaïm… Qu’en est-il aujourd’hui? Plus encore les cartes géopolitiques vont-elles changer?
Elyes Kasri, ancien ambassadeur de Tunisie en Allemagne, au Japon, Inde et en Corée souligne pour sa part qu’à la différence de la culture arabo-musulmane, la culture politique occidentale a appris a se méfier des hommes providentiels et du culte de la personnalité.
Ainsi, il part du constat que pour les Occidentaux, la démocratie se base d’une manière durable sur la séparation des pouvoirs. Ainsi que sur l’existence effective de contre-pouvoirs. Et ce, en mettant l’accent sur le respect de la présomption d’innocence et la possibilité d’une alternance pacifique du pouvoir.
Et si on prenait l’exemple de la Tunisie, après le 25 juillet. Et notamment après le limogeage du gouvernement et le gel du parlement. Elyes Kasri estime qu’il est à craindre que la grille de lecture politique occidentale en général et américaine en particulier ne voit avec un scepticisme croissant l’évolution de la transition démocratique en Tunisie.
Eviter la tentation autocratique résultant de la personnalisation
Et de poursuivre: « Même si l’avant 25 juillet 2021 présentait tous les symptômes d’un dévoiement d’une aspiration démocratique, tout processus correctif devrait, selon les Occidentaux, être institutionnel et émaner d’un débat public ouvert pour éviter la tentation autocratique résultant de la personnalisation de la légitimité et du pouvoir. »
Avant d’ajouter: « La suspension indéfinie du parlement et la culture du tous pourris pourraient rappeler a l’opinion publique occidentale certains épisodes de l’histoire moderne qui ont mis à mal la démocratie en Europe et connu une fin tragique. »
Cela dit, depuis le 25 juillet, le pays a connu plusieurs rebondissements. De telle sorte le monde entier a les yeux rivés sur nous. Aux dernières nouvelles, la délégation américaine en visite officielle les 4 et 5 septembre, » va devoir faire un rapport sur l’état et l’avenir de la démocratie en Tunisie selon la grille de lecture politique américaine ». Ainsi poursuit-il.
Connaissance de la culture politique américaine !
Et de préciser: « A la lumière de ce qu’elle a pu voir et entendre au cours de son passage a Tunis, il serait illusoire de s’attendre à un rapport élogieux ou même rassurant. En dépit des commentaires en Tunisie qui pèchent soit par une connaissance insuffisante de la culture politique américaine; soit tout simplement par flagornerie. »
Ce qui explique que certains indices pourraient laisser penser qu’en cette rentrée politique et économique dans le monde, la communication internationale sur la tournure actuelle et prochaine des évènements en Tunisie n’est pas rassurante. Et elle pourrait mener à un raidissement des positions.
En somme, Elyes Kasri conclut: « Tout en répliquant à ceux qui seraient tentés de minimiser le poids et l’influence des Etats-Unis d’Amérique à la suite du retrait d’Afghanistan que la perfection n’est pas de ce monde. Et que l’influence américaine reste très importante pour un pays comme la Tunisie. Il serait difficile de nier qu’en plus de la volonté et de la vigilance populaires, l’avenir de la démocratie en Tunisie ne peut être assuré d’une manière durable qu’avec le soutien des pays où la démocratie est une culture et un système de gouvernement et en premier lieu les Etats-Unis d’Amérique. »