Le marché de dette locale n’a jamais été autant sollicité par le Trésor que l’année en cours. Le manque de ressources externes a obligé l’Etat à intensifier ses sorties afin de boucler son budget. La reprise économique a tardé, permettant au volume de refinancement de revenir à des niveaux soutenables dans un premier temps; et aux établissements de crédit de souscrire massivement aux BTA/BTCT en faisant appel à ce mécanisme. Aujourd’hui, les statistiques de la BCT affichent un volume global de refinancement de 12 091 MTND, contre 9 698 MTND fin 2020. Où est donc l’endettement local?
Entre temps, les banques sont accusées d’accumuler les gains en prêtant à l’Etat au lieu de financer les secteurs productifs et l’indépendance de la BCT est pointée du doigt. Mais quel est le coût que l’Etat supporte effectivement suite à son endettement local?
Indispensable diversification des sources des financements publics
Selon les derniers chiffres disponibles, le taux moyen pondéré des adjudications non encore échues des Bons de Trésor (toutes échéances confondues) est de 7,8% fin juin 2021, soit son plus haut niveau depuis de longues années. Depuis fin 2019, le seuil de 7% a été franchi suite à la spirale haussière des taux. L’endettement local est donc en hausse. Sur le premier semestre 2021, ce taux moyen a augmenté modérément de 17 points de base, en dépit de l’intensification des sorties.
Cependant, par rapport à la taille de l’encours, cela doit générer beaucoup d’intérêts, puisque fin juin 2021 l’encours des Bons de Trésor s’élève à 18 888 MTND.
Ainsi, le marché local a des limites, car les bilans des banques ne supporteraient plus autant d’exposition aux titres de l’Etat. La diversification des sources des financements publics est désormais une obligation pour que l’ensemble de l’économie puisse repartir.
Les ambassadeurs du G7 ne s’y tromperont pas
La grande question concerne maintenant l’exercice budgétaire 2022. Ce qui se passe actuellement sur la scène politique n’inspire pas confiance pour les mois à venir. Il faut absolument une feuille de route claire pour que les discussions avec les bailleurs de fonds reprennent. Les ambassadeurs des pays du G7, qui ne sont autres que les principaux prêteurs de la Tunisie, l’ont écrit noir sur blanc hier. Les investisseurs ne regardent pas que les chiffres et les évolutions depuis le 25 juillet, qui sont bien accueillies en interne. Elles peuvent être regardées autrement de l’extérieur et du point de vue purement économique.
Les finances publiques ne supporteront pas une deuxième année sans sortie sur les marchés internationaux et sans un accord avec le FMI. A bon entendeur.