Tout porte à croire que les chancelleries occidentales ont fini par intégrer les décisions exceptionnelles prises le 25 juillet par Kaïs Saïed. Ayant enfin compris que ces mesures choc puisent leur légitimité dans l’appui massif et sans faille du peuple tunisien.
Peut-on dire que les craintes de voir la Tunisie basculer dans la dérive autoritaire se sont révélées excessives, voire infondées? A sa manière, certes peu conventionnelle, le président de la République Kaïs Saïed a-t-il réussi à convaincre nos amis et partenaires à l’étranger que les décisions exceptionnelles prises le 25 juillet n’étaient pas un coup d’Etat « constitutionnel » comme le clamaient ses détracteurs? Mais un processus correctionnel accueilli favorablement par la majorité écrasante des Tunisiens?
Trois indices nous montrent que le Président a joué un audacieux coup de poker. Et qu’il est en train de rafler la mise au nez et à la barbe de ses adversaires politiques; notamment les islamistes d’Ennahdha.
La « compréhension » de la France
D’abord, c’est ce qui semble, à l’issue de l’audience que le ministre des Affaires étrangères, Othman Jarandi a accordée, lundi 6 septembre 2021 à l’ambassadeur de France à Tunis, André Parant. En effet, un communiqué émanant du département du Nord-Hilton indique que la rencontre a, particulièrement, porté sur « l’étape de rectification politique en Tunisie. Et ce, à l’issue des mesures prises par le président de la République, avec un large soutien populaire, sur la base de l’article 80 de la Constitution ».
Et, clou de la rencontre, le diplomate français a précisé que « la France comprend parfaitement les mesures décidées, le 25 juillet dernier, par le président de la République, Kaïs Saïed; et aspire à ce que la Tunisie consolide son expérience démocratique et réponde aux attentes des Tunisiens ».
Cela veut dire qu’après avoir longtemps hésité sur l’attitude à prendre, le Quai d’Orsay a enfin assimilé, digéré et enfin intégré l’esprit du 25 juillet qu’il déclare « comprendre parfaitement ».
Un appui de taille de la part d’un pays qui demeure le premier partenaire économique de la Tunisie. Ainsi que son premier partenaire commercial, son deuxième fournisseur et son premier client.
Les G7 enterrent l’actuel Parlement gelé
Ensuite, une fine analyse de la déclaration des ambassadeurs du G7 (l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni et l’Union européenne) décriée d’ailleurs par certains comme une ingérence inacceptable dans les affaires internes de notre pays, nous apprend que les chancelleries occidentales soulignent « le besoin urgent de nommer un nouveau Chef du Gouvernement. Pour former un Gouvernement apte à faire face aux crises économique et sanitaire auxquelles le pays est confronté ».
Mais, encore clou de cette déclaration, ces chancelleries prônent « le retour rapide à un cadre constitutionnel dans lequel un Parlement élu joue un rôle significatif ».
Que signifie cette recommandation? Que les ambassadeurs du G7 sont favorables à des élections anticipées pour élire un nouveau Parlement. Par conséquent, ils constatent de facto que le Parlement gelé est mort et enterré, donc caduque. Et que le retour en arrière est impossible. Coup dur pour les islamistes de tout bord qui espèrent en pleurnichant dans le gilet des Américains le rétablissement de la soi-disant légitimité.
Enfin, notons la visite d’une délégation parlementaire américaine en Tunisie, par ailleurs snobée par de nombreux partis politiques. Les islamistes espéraient que Washington allait faire pression sur le Président tunisien pour rétablir l’ancienne ARP. Elle n’a pas répondu à leurs attentes.
Le oui mais des Américains
En effet, le sénateur Chris Murphy qui dirigeait cette délégation annonçait sur Twitter qu’il venait d’avoir un entretien avec le président tunisien, Kaïs Saïed. Et qu’il lui a demandé « un rapide retour au processus démocratique et la mise fin à l’état d’urgence que vit la Tunisie ». On est loin du temps où certaines voies du côté de l’Oncle Sam criaient au putsch.
« Les USA ne favorisent aucun parti politique par rapport aux autres, et n’ont aucun intérêt à favoriser un agenda de réformes par rapport aux autres. Les Tunisiens devant être les seuls à décider sur ces sujets ». Une douche froide pour les islamistes d’Ennahdha, mais pas non plus un blanc-seing pour Kaïs Saïed invité à faire des « réformes », mais en respectant les formes.