Depuis l’annonce des mesures du 25 juillet, le président de la République Kaïs Saïed a limogé le chef du gouvernement Hichem Mechichi et a suspendu les travaux du Parlement. Mais voilà qu’aux dernières nouvelles, Walid Hajjam, conseiller auprès du président de la République, a laissé entendre que le Chef de l’Etat aurait l’intention de changer le système politique, de se diriger probablement vers un régime présidentiel et suspendre la Constitution. Une telle annonce a résonné comme un coup de tonnerre. D’ailleurs, la classe politique a tout de suite réagi.
Le Courant Démocrate a lancé un appel au président de la République pour qu’il clarifie sa position sur ces déclarations. Tout en lui rappelant la nécessité de respecter la Constitution. Et ce, en se fondant sur le respect de ce qu’il a promis lors de son discours du 25 juillet.
Il en va de même pour le Parti destourien libre PDL qui, lui aussi, exige des explications du président de la République pour clarifier l’annonce de son conseiller, en déclarant : »Nous demandons de respecter la souveraineté du pays et de s’adresser directement aux Tunisiens à travers la télévision nationale officielle pour les informer des décisions de la présidence ».
Respecter la souveraineté du pays
De son côté, Faouzi Abderrahmane, ancien ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi, a fait savoir via son post : « La politique du président de la République n’est qu’une manœuvre de sa part. Alors qu’il a promis le 28 juillet aux partenaires sociaux de partager le processus. » Ce qui n’est pas le cas, selon ses dires.
En outre, Abdellatif Mekki, dirigeant d’Ennahdha, a souligné de son côté : « Si l’on regarde les déclarations du conseiller du président de la République sur la suspension de la Constitution et le changement du système politique, elles ne peuvent être qualifiées que de déclarations antidémocratiques. D’ailleurs, je me pose la question: quel est l’avis du président de la République, en disant à plusieurs reprises qu’il n’est pas un dictateur et qu’il respecte la Constitution, comme il l’a mentionné ».
Et de poursuivre : « L’amendement ou le changement du système politique doit s’effectuer conformément aux mécanismes constitutionnels. Tout comme il doit s’effectuer dans des climats normaux et non dans une atmosphère tendue, devant le fait accompli. Et ce, en mettant un terme aux institutions constitutionnelles ».
Par ailleurs, plusieurs experts en droit constitutionnel ont eux aussi réagi. Slim Laghmani, professeur de droit constitutionnel, s’est interrogé si M. Hajjem a parlé au nom du président ou est-ce qu’il a lancé un ballon d’essai ? Il souligne à cet effet : « J’ose, encore, espérer que c’est la seconde hypothèse, mais je fais comme Beckett, j’attends Godot. »