Mais quand le Président daignera-t-il, enfin, désigner un nouveau Premier ministre? Avant la fin de cette semaine, répond le président de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme, Jamel Mssalem. « Il s’est attaqué au dernier virage et s’adressera prochainement au peuple tunisien ». Ainsi affirme pour sa part le conseiller auprès de la présidence de la République, Walid Hajjem. Un flou artistique qui ne semble pas se dissiper de sitôt.
Le président de la République Kaïs Saïed a d’évidence des préférences pour les plats qu’on mijote à feu doux. Car, depuis le 25 juillet, et après avoir limogé l’ancien Chef du gouvernement, Hichem Mechichi, le Président a mis en place une équipe gouvernementale restreinte. Elle expédie depuis Carthage les affaires courantes, sous son regard sourcilleux.
A-t-il pris goût à mettre les mains dans le cambouis en gérant directement les affaires de l’Etat? A-t-il échoué à dénicher la perle rare qui se contenterait de jouer le rôle ingrat de Premier ministre responsable devant lui? Et non un chef du gouvernement nécessairement responsable devant le Parlement? Les candidats à ce poste ont-ils refusé d’assumer cette écrasante responsabilité?
Un Premier ministre sur mesure pour Kaïs Saïed
Pourtant, après avoir accaparé tous les leviers du pouvoir, Kaïs Saïed avait annoncé qu’il procédera à la nomination d’un nouveau chef du gouvernement. Lequel formera un gouvernement dont les ministres seront choisis par le Président en personne.
A savoir que conformément aux mesures exceptionnelles prises le 25 juillet sur la base de l’article 80 de la Constitution de 2014, le prochain gouvernement ne sera pas soumis au vote de confiance du Parlement. Ce dernier étant lui-même gelé sine die.
Mutisme
Or, la promesse de la formation rapide d’un gouvernement tarde à se réaliser. Plongeant de ce fait le pays dans un vide institutionnel au sommet de l’Etat. D’autant plus que le prochain gouvernement sera confronté d’entrée de jeu à des échéances buttoir. Notamment le pilotage des négociations jusqu’ici suspendues avec le FMI.
Depuis, motus et bouche cousue, le Président en Sphinx imperturbable s’amuse à donner du temps au temps. En ne révélant rien sur ses intentions quant au choix de son prochain « collaborateur » au palais de la Kasbah.
Jeu de devinettes
Alors on s’amuse à jouer aux devinettes: un Premier ministre au profil technocrate à l’image de Marouane Abassi, le plus cité, Hakim Ben Hamouda, Ezeddine Saidene ou Radhi Meddeb, des économistes de renommée internationale? Sauf que le chef de l’Etat, impénétrable, pourrait sortir une surprise de son chapeau de magicien.
Et c’est le président de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme, Jamel Mssalem, qui lève une partie du voile. Puisqu’il laisse entendre que le Président annoncera le nom du nouveau chef du gouvernement au cours de cette semaine, c’est-à-dire ce week-end.
En effet, dans une déclaration accordée jeudi 9 septembre au quotidien arabophone tunisien Assabah, Jamel Msallem révèle que le prochain chef du gouvernement sera désigné durant la semaine en cours. Il précise également que le chef de l’Etat a promis le lancement d’une enquête sur la gestion par le ministère de l’Intérieur des mouvements de protestation. De même que sur le rapatriement de l’Algérien Slimane Abouhafs.
« Dernier virage »
Sauf que les déclarations du président de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme quant à la désignation imminente d’un nouveau chef du gouvernement ont été contredites. Et ce, par le conseiller auprès de la présidence de la République, Walid Hajjem.
En effet, invité à l’émission « Mouajaha » sur Sky News Arabia, le jeudi 9 septembre 2021, M. Hajjem indiquait que le président de la République, Kaïs Saïed « s’est attaqué au dernier virage ». En précisant qu’il s’adressera prochainement au peuple tunisien; sans toutefois communiquer de date précise. Réfutant ainsi les rumeurs qui annoncent la nomination d’un chef de gouvernement avant la fin de cette semaine.
On n’est pas sorti de l’auberge.