On ne saurait évaluer la relation entre le secrétaire général de l’UGTT Noureddine Taboubi et le président de la République Kaïs Saïed. D’ailleurs, la dernière fois que Kaïs Saïed recevait le SG de la centrale syndicale remonte au 26 juillet. Malgré la cadence des événements, le retard de la formation du gouvernement et la crise économique et sociale, aucun signe ne présage l’existence de communication et de négociations entre la présidence de la République et l’Union générale tunisienne du travail. Décryptage.
Faut-il encore rappeler que l’UGTT était bel et bien active dans toutes les crises politiques depuis le règne de Moncef Marzouki et feu Béji Caïed Essebsi. Les deux accords de Carthage en sont la preuve. Faut-il encore rappeler que dans le cadre du Quartet, l’UGTT a mené un dialogue national qui a abouti à l’organisation d’élections libres et indépendantes qui ont dissipé le spectre de la guerre civile. Alors avec à sa tête Noureddine Taboubi, comment se positionne l’UGTT?
Cependant, il semble qu’avec l’arrivée de Kaïs Saïed au pouvoir, l’UGTT semble se trouver dans une nouvelle logique et démarche. Car plusieurs indices montrent que le président de la République n’est pas un amateur du « Dialogue national« ; encore moins « du consensus et des démarches participatives ». D’ailleurs, ces trois expressions ne sonnent plus comme à l’époque de l’alliance entre BCE et Rached Ghannouchi. Tous les indices montrent que le président de la République a balayé d’un revers de la main ces trois expressions.
Une impression qui s’affirme quand le président a déclaré qu’il n’est pas question de « mener un dialogue avec les corrompus ». Par ailleurs, se voulant rassurant et diplomate, le secrétaire général adjoint de l’UGTT Samir Cheffi déclarait, lors de son intervention sur les ondes de Mosaïque FM, qu’il n’existe aucun problème entre le président et le secrétaire général de l’UGTT. « C’est le seul président de la République qui appelle Noureddine Taboubi « frère secrétaire général », a -t-il dit.
Cependant, malgré sa courtoisie et sa diplomatie, Samir Cheffi n’a pas pu convaincre les auditeurs que tout va bien entre les deux institutions. Surtout quand l’animateur a enchainé les questions. Il a fini par dire que l’UGTT soutien les mesures exceptionnelles annoncées par le président et qu’elle lui fait confiance.
Dans le projet de Kaïs Saïed, il n’existe que deux pôles: le Président et le peuple. Ainsi, dans sa conception, il n’existe pas de parties intermédiaires entre lui et le peuple. Donc ni syndicats, ni patronat et encore moins partis politiques. D’ailleurs, depuis des années, il estime que « l’époque des partis politiques classiques est bel et bien révolue ». Et à cela s’ajoute sa prédilection pour le régime présidentiel qui lui confère toutes les prérogatives pour gouverner seul.
Mais comment va réagir l’UGTT à cette nouvelle donne? Cette institution qui a assisté et participé à tous les combats du pays, depuis la colonisation à l’après révolution, en passant par l’ancien régime. L’UGTT, depuis 2011, exerce son rôle de médiateur. Elle est une force de suggestion dans tous les secteurs et toutes les crises. Ceux qui ont suivi le Dialogue national de près en savent quelque chose. De toute les façons, les secrétaires généraux adjoints ont souvent affirmé qu’il n’accepteront jamais l’exclusion; même venant de la part du président de la République.
A suivre