Dans une nouvelle édition du rapport Groundswell publié le 13 septembre, la Banque mondiale avertit que le changement climatique constitue un facteur de migration de plus en plus puissant. Il pourrait contraindre, d’ici à 2050, quelque 216 millions de personnes dans le monde en développement à migrer à l’intérieur de leur pays.
Selon le même rapport, « des foyers de migration climatique interne pourraient apparaître dès 2030. Ils s’accroîtront progressivement jusqu’en 2050. Le rapport estime également qu’une action immédiate et coordonnée en vue de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) et de soutenir un développement vert, résilient et inclusif pourrait diminuer l’ampleur des migrations climatiques internes de 80% ».
Le changement climatique a des répercussions néfastes sur les moyens de subsistance des individus. Il nuit aussi à l’habitabilité des zones qui y sont fortement exposées. Et ce, avec des effets puissants sur les migrations internes.
Jusqu’à 86 millions de migrants climatiques internes en Afrique du Nord
À l’horizon 2050, l’Afrique subsaharienne pourrait enregistrer jusqu’à 86 millions de migrants climatiques internes; l’Asie de l’Est et Pacifique, 49 millions; l’Asie du Sud, 40 millions; l’Afrique du Nord, 19 millions; l’Amérique latine, 17 millions; et l’Europe de l’Est et Asie centrale, cinq millions.
En Afrique du Nord, les résultats de la modélisation font apparaître les perturbations de la disponibilité de l’eau comme le principal moteur des migrations climatiques internes.
Elles chassent les populations des régions côtières et intérieures dans lesquelles l’eau se raréfie. En effet, elles ralentissent la croissance démographique dans les foyers d’émigration climatique. Et ce, le long de la côte nord-est de la Tunisie, la côte nord-ouest de l’Algérie, l’ouest et le sud du Maroc ainsi que les contreforts de l’Atlas central qui subissent déjà le stress hydrique.
En Égypte, les parties est et ouest du Delta du Nil, Alexandrie comprise, pourraient devenir des foyers d’émigration. Et ce, en raison à la fois de l’indisponibilité croissante de l’eau et de l’élévation du niveau de la mer.
Cependant, plusieurs autres lieux où l’eau est plus disponible devraient devenir des foyers d’immigration climatique. Il s’agit notamment des centres urbains importants comme Le Caire, Alger, Tunis, Tripoli, le corridor Casablanca-Rabat, et Tanger.
Climat et développement
« Le rapport Groundswell rappelle crûment le coût humain du changement climatique, en particulier pour les plus pauvres, qui en sont les moins responsables. Il propose également aux pays une marche à suivre pour s’attaquer à certains des principaux facteurs à l’origine des migrations climatiques », précise Juergen Voegele, vice-président de la Banque mondiale pour le Développement durable.
Et d’ajouter: « Toutes ces questions sont fondamentalement liées. C’est pourquoi le soutien que nous apportons aux pays permet d’atteindre conjointement les objectifs en matière de climat et de développement tout en construisant un avenir plus durable, plus sûr et plus résilient. ».
Au final, le rapport formule des recommandations stratégiques susceptibles de ralentir les facteurs sous-jacents des migrations climatiques et de se préparer à des flux migratoires inévitables.