Au regard du déséquilibre criant entre les régions intérieures et le littoral de la Tunisie, Faouzi Abderrahmane, cofondateur du parti libéral Afek Tounes et ancien ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi a suggéré de mettre au point, à moyen terme, deux modèles de développement, l’un pour l’est du pays, et un autre pour l’Ouest. Les deux modèles devant être menés et conduits, selon lui, par trois secteurs, le public, le privé et le tiers secteur (économie sociale et solidaire).
Faouzi Abderrahmane a développé cette approche dans le cadre d’une communication faite sur le thème : « Les déterminants d’un nouveau modèle de développement ».
La communication a été présentée, à l’occasion de la tenue du 27 au 29 août, à Hammamet, de la 28ème session de l’université d’été de l’Association Club Mohamed Ali de la culture ouvrière (Acmaco), sur la thématique: « Quel nouveau contrat social pour refonder la transition démocratique après le 25 juillet 2021 ? ».
Dans son analyse, il a commencé par établir son propre diagnostic du déséquilibre est-ouest et de la grave récession économique que connaît actuellement le pays, et ce, après 65 ans d’indépendance. Il cite trois indicateurs majeurs :
Un diagnostic accablant
Un Produit intérieur brut (PIB) insuffisant de 104 milliards de dinars. « Un tel PIB, a-t-il-dit, suffit à peine à faire vivre 4 millions de Tunisiens sur une population totale de plus de 11 millions d’habitants ».
Un modèle économique en vigueur non inclusif. Les inégalités qu’il génère sont perceptibles à travers la répartition inéquitable du patrimoine et le taux de pauvreté estimé à plus de 20% en termes de misère humaine (non accès aux soins, à l’éducation et au reste des services publics). Au passage, il a regretté l’absence d’études en Tunisie sur les inégalités patrimoniales.
La périssabilité des actions de développement engagées depuis l’indépendance et leur dégradation par l’effet de la pollution, et son corollaire, le coût élevé pour préserver, actuellement, l’environnement.
Toujours au rayon du diagnostic, le conférencier a regretté l’absence en Tunisie d’une culture d’évaluation des bonnes réformes engagées depuis l’indépendance. Il a évoqué particulièrement la décennie du Premier ministre libéral Hédi Nouira, qui a créé 426 mille emplois, faisant allusion, semble-t-il, à la loi de 1972.
Comme pré-requis à la mise en place des deux modèles de développement souhaités, Faouzi Abderrahmane a insisté sur l’urgence de dégager, dans les meilleurs délais, une vision qui consacrerait les ambitions et le positionnement de la Tunisie par rapport à toutes évolutions et révolutions technologiques et développementales que connaît le monde. L’accent doit être mis sur la préparation du pays aux nouveaux métiers et sur l’adaptation, à cette fin, de nos systèmes de formation et d’éducation.
Les pistes à explorer
Concrètement, l’ancien ministre de la Formation et de l’emploi propose cinq grandes réformes-révolutions : La formalisation de l’économie du pays et la lutte contre l’informalité, en créant une agence spécialisée pour la restructuration du secteur parallèle.
Une réforme agraire, dans la mesure où le secteur de l’agriculture, en dépit de son
rôle stratégique dans la création d’emploi et l’autosuffisance alimentaire, continue à évoluer dans l’informalité.
Le remaping du territoire, ou plus simplement, la révision de l’aménagement territorial et urbain à travers la réactivation des districts économiques spécialisés et la création au moins de trois nouvelles villes de 200 mille habitants. L’ultime objectif étant d’alléger la pression sur le littoral, de doter l’arrière-pays de l’infrastructure socio-économique requise et d’y réunir des conditions de vie décente et pérenne.
Les deux autres réformes concernent les tandems : éducation-ressources humaines et eau-énergie. Concernant l’éducation et les ressources humaines, Faouzi Abderrahmane s’est prononcé pour une véritable révolution.
Il a mis l’accent sur l’enjeu que présente l’horizontalité de la réforme de ces secteurs dans l’amélioration future du rendement de toutes les activités. Il a suggéré aux autorités du pays de réintégrer le classement du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), en ce sens où il permet d’évaluer et de mesurer, régulièrement et périodiquement, les performances des systèmes éducatifs des pays membres et non membres.
S’agissant de l’eau et de l’énergie, il recommande pour les deux secteurs la mise au point d’une stratégie sur 50 ans. Il a fait une mention spéciale pour l’intensification de l’investissement dans le solaire et dans le transport électrique (véhicules électriques), conseillant la mise au point d’un plan électrique.