En dépit d’une reprise du rythme normal de l’approvisionnement du marché en eau minérale, le déséquilibre entre l’offre et la demande demeure encore perceptible au niveau de cette filière. Celle-ci affiche une croissance exponentielle en Tunisie. Peu de stocks d’eau minérale sont disponibles, ces jours-ci au niveau des points de vente. Et ce, y compris dans les grandes surfaces.
« Cette reprise du rythme normal de l’approvisionnement en eau minérale intervient après une interruption de la production d’unités, durant les dernières semaines d’août 2021. Et ce, en raison des sit-in et revendication sociales et des pannes techniques ». C’est ce qu’affirme Moufida Ben Nasr, responsable de la communication à l’Office national du thermalisme et de l’hydrothérapie (ONTH).
« Les unités, dont la production s’est arrêtée, représentent 1/4 de la capacité de production totale d’eau minérale dans le pays (environ 125 mille bouteilles par heure). Ce qui reflète l’impact sur l’approvisionnement du marché ». Ainsi explique la responsable.
Parmi ces unités, deux sont dotées d’une importante capacité de production. Elles sont situées à Sidi Bouzid (Centre) où des protestations sociales ont été observées. Les protestataires revendiquent le règlement de leurs dettes auprès de la STEG, par les promoteurs de ces unités. Et ce, dans le cadre de leur responsabilité sociétale. Ce que refusent ces investisseurs, d’autant que certains d’entre eux ont déjà engagé, volontairement, des actions de ce genre dans les régions où ils sont actifs.
« Il s’agit également d’un arrêt de la production de deux autres unités. A cause d’une panne technique au niveau de la chaîne de production. Et ce, faute de maintenance périodique, prévue au début de la saison de pointe (de juin à septembre). Les travaux de maintenance n’ont pas été accomplis à cause de la Covid-19 », a rappelé Ben Nasr.
Ces perturbations de l’approvisionnement du marché de l’eau minérale ont eu lieu au moment où les températures ont atteint des niveaux records et où la canicule a persisté tout au long du mois d’août 2021. Ce qui a engendré un accroissement de la demande sur l’eau minérale de près de 25%.
Tendance haussière de la consommation
A cet égard, les Tunisiens consomment de plus en plus d’eau minérale. La tendance haussière de cette consommation est estimée à 10% par an. Passant ainsi de 2,200 milliards de litres en 2019 à 2,700 milliards de litres en 2020. Et ce, contre 900 millions de litres en 2010. Avec un volume annuel de 225 litres par tête d’habitant, le Tunisien est un grand consommateur des eaux minérales, indique encore Mme Ben Nasr.
« Ces chiffres font que la Tunisie est bien logée dans le classement mondial des consommateurs d’eau minérale », poursuit-elle.
Ainsi, les Tunisiens expliquent leur recours à l’achat des bouteilles d’eau minérale par la mauvaise qualité de l’eau potable fournie par la SONEDE.
Pour d’autres compatriotes, nonobstant le goût désagréable de l’eau potable, opter pour la consommation de l’eau minérale est motivé par des raisons de santé. Et la volonté de profiter des vertus de l’eau minérale ».
Par ailleurs, la responsable à l’ONTH explique cette croissance, entre autres, par des facteurs sociétaux. En l’occurrence l’amélioration du niveau de vie des Tunisiens, la prise de conscience des effets bénéfiques de ces eaux sur la santé. Ainsi que la politique commerciale menée par les professionnels du secteur. Avec une stabilité et une cohérence des prix de vente de l’usine; en dépit d’une forte compétitivité.
En effet, le nombre des unités de conditionnement des eaux minérales est passé en Tunisie, de sept en 1994 à 29 unités actuellement. Elles se situent dans les différentes régions du pays avec une capacité de production de près de 500 mille bouteilles par heure, indique Mme Ben Nasr.
« Depuis son ouverture à l’investissement privé en 1989, le secteur des eaux minérales affiche une croissance exponentielle aux niveaux de tous les indicateurs ».
Le secteur, dont seul 0,05% de la production est destiné à l’exportation, génère un chiffre d’affaires annuel de 1000 milliards. Il permet la création de plus de 3000 emplois directs et près de 10 000 emplois indirects, a-t-elle ajouté.
Avec TAP