« Le président de la République Kaïs Saïed a passé sous silence la question économique lors de son discours à Sidi Bouzid. Je pense que c’est une erreur de communication ». C’est ce qu’affirme, dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com, le spécialiste en économie de développement, Jameleddine Aouididi.
Jameleddine Aouididi estime que le président de la République est plus focalisé sur le volet politique. Et ce, au niveau de ses engagements à changer la situation politique dans le pays. « C’est l’aspect qui l’intéresse le plus. Peut-être, pense-t-il qu’il aura les mains libres plus tard », continue-t-il.
Cependant, Jameleddine Aouididi affirme que les réformes économiques doivent aller en parallèle des réformes politiques. Car la situation ne peut pas attendre et la situation sociale devient de plus en plus dangereuse.
Ainsi, notre invité affirme que les échéances économiques seront très contraignantes dans les prochains quatre mois. Car « la loi de finances 2021 n’a pas été actualisée; surtout avec la hausse du prix du baril de pétrole. Ce qui va augmenter le déficit budgétaire qui était prévu au départ à 18,3 milliards de dinars. Il va passer probablement à 21 ou 22 milliards de dinars ». Pis encore, notre expert rappelle qu’on ne sait pas où en est le projet de loi de finances 2022.
Le déficit commercial pèsera sur la situation économique
La nouvelle ministre récemment nommée a donc du pain sur la planche, d’après notre interlocuteur. « En parallèle avec tout ce qui se passe nous avons un dérapage sur le déficit commercial qui est énorme », s’alarme-t-il. Dans le même sillage, il affirme qu’on enregistre en Tunisie un déficit de 16 milliards de dinars; et ce, durant les sept premiers mois de 2021. « Tout cela va peser encore sur la situation qui est déjà catastrophique », dit-il.
Alors, Jameleddine Aouididi considère que la réussite du processus du 25 juillet va dépendre de la réussite du processus économique. A cet égard, il appelle à travailler sur ce volet crucial « car le slogan de la révolution du 17 décembre 2010/14 janvier 2011 était travail, liberté et dignité nationale. Mais jusqu’à présent ce slogan n’a pas été concrétisé ».
Pour lui, les débats politiques sont très importants. Mais « la situation qu’on a vécue avec le parlement était l’origine du blocage. Ce qui a poussé le président de la République à agir de la sorte ».
Avoir un taux directeur de 6,25%, + 5% d’intérêt des banques vont limiter les investissements. Et à cela s’ajoute le déclin du dinar tunisien. « Il s’agit de deux phénomènes importants qui sont à la base du blocage de l’investissement en Tunisie », estime-t-il. Le spécialiste rappelle que sans investissement, il n’y aura ni création de poste d’emploi ni exportation.