Le XVIII ème sommet de la francophonie aura lieu les 20 et 21 novembre à Djerba. On se demande si les préparations ont avancé ou pas? Avons-nous un avant-goût sur les conditions logistiques? A l’heure actuelle, rien n’est encore clair… Plus encore, quels sont les éléments dont on dispose?
Elyes Kasri, ancien ambassadeur de Tunisie en Allemagne, au Japon en Inde et en Corée et commentateur-analyste politique revient sur les préparatifs du XVIIIeme sommet de la francophonie. Il souligne: »Les conditions logistiques très moyennes dans le meilleur des cas et une situation politique opaque en Tunisie avec une recrudescence des interrogations sur le sort de la transition démocratique en Tunisie à la suite des mesures d’exception décrétées par le président Kais Saied le 25 juillet et les pouvoirs élargis qu’il s’est octroyés le 22 septembre. »
Et de poursuivre: « Avec des préparatifs logistiques en deçà de ce que est attendu normalement, car l’île de Djerba ne semble pas avoir subi suffisamment d’aménagements pour pouvoir accueillir avec le faste requis les délégations des 88 pays affiliés à l’organisation internationale de la francophonie (54 membres, 7 membres associés et 27 observateurs) et la quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement qui devraient normalement prendre part à ce sommet bien que les confirmations tardent à venir. »
La vision politique ne semble pas avoir été au rendez vous en Tunisie
Il estime que la vision politique ne semble pas avoir été au rendez vous en Tunisie afin de saisir cette grande manifestation internationale pour inciter les grands pays francophones comme la France, la Belgique, la Suisse et le Canada notamment à lancer des projets d’infrastructure dont a grandement besoin Djerba qui a beaucoup de peine à regagner l’éclat et la gloire des années 70 et 80 quand elle était la destination de choix de l’élite mondiale.
D’ailleurs, il ajoute dans ce sens qu’avec une logistique vieillotte et des préparatifs visiblement pas à la hauteur de l’événement malgré les quelques déclarations qui se veulent rassurantes, le sommet, s’il devait se tenir à la date fixée (20-21 novembre), aura lieu dans une atmosphère morose en Tunisie avec l’intensification du rejet de l’accaparement des pouvoirs entre les mains du président de la République Kaïs Saïed et une crise économique probablement exacerbée par un blocage budgétaire et l’assèchement des sources de financement extérieur et toutes les répercussions imaginables sur le climat social.
Plus encore, il rappelle qu’à l’instar du SMSI (sommet mondial sur la société de l’information) cette situation risque de braquer négativement la presse internationale sur la Tunisie et de revigorer l’opposition tunisienne et ses amis à l’étranger pour vilipender le processus engagé par le président Kaïs Saïed.
Par ailleurs, Elyes Kasri considère qu’une reprise en main énergique des préparatifs logistiques s’impose en plus d’une plus grande clarté et une meilleure communication internationale sur le processus politique en cours en Tunisie. Et ce pour sauver ce qui peut l’être, en dépit des délais très courts.
A l’impossible nul n’est tenu
Il ne manque pas de souligner: « C’est dans ces moments critiques que l’on réalise si on a fait les bons choix au niveau de la diplomatie tunisienne et si on a donné à ce département meurtri, purgé et marginalisé par une décennie de mauvaise gouvernance et de tiraillements politiques, les moyens de défendre les choix de sa direction politique. »
Et de conclure: « A l’impossible nul n’est tenu. Car encore faut-il que la situation politique tunisienne soit défendable. Et ce selon la grille de lecture et la culture politique internationale en général et occidentale en particulier. Ce qui pour le moment ne semble pas être le cas. »