Le président de la République Kaïs Saïed a chargé Najla Bouden de former le prochain gouvernement. Une première en Tunisie et dans le monde arabe. Ainsi, la Tunisie réaffirme son émancipation et sa progression en matière de droit des femmes. Pistes de lecture.
En désignant Najla Bouden pour former le prochain gouvernement, Kaïs Saïed réalise une prouesse politique qu’aucun président tunisien n’a réalisé avant lui. Pas même le premier président de la République Habib Bourguiba qui a tant donné à la femme tunisienne. Ni l’ancien président provisoire et ancien président de la Ligue des droits de l’Homme Moncef Marzouki, ni Béji Caïd Esebssi, le porteur de l’héritage bourguibien, qui a fait de la défense de la cause féministe son cheval de bataille et l’initiateur de l’initiative de La Commission des libertés individuelles et de l’égalité (Colibe).
Une réalisation historique et inédite dans le monde arabe
Il a fallu attendre ce 29 octobre 2021, soit 65 ans après l’indépendance, pour qu’une femme tunisienne soit chargée de former le gouvernement. Ainsi, l’histoire politique et celle du mouvement féministe retiendra le nom de Kaïs Saïed comme le premier président du monde arabe qui a chargé une femme de former un gouvernement. Et de Nejla Bouden comme la première femme chargée de former un gouvernement dans le monde arabe.
Cependant, on s’attendait peu à ce qu’une prouesse politique de ce genre émane de Kaïs Saïed connu par son conservatisme. Lors de son premier discours devant l’Assemblée des représentants du peuple il a, entre autres, parlé du renforcement des droits socio-économique des femmes sans plus.
Finalement, tout le monde a triomphé : Kaïs Saïed, Nejla Bouden, la Tunisie et le mouvement féministe tunisien. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ce fait inédit se réalise dans la terre du réformateur féministe Tahar Haddad, de la princesse Aziza Othmana et de la militante Radhia Haddad. Vu l’héritage féministe de la Tunisie, il était inévitable d’arriver à ce moment historique.
Une nomination de Najla Bouden et tant de messages
Cette nomination est, également, un message positif aux instances internationales et aux partenaires économiques de la Tunisie. Et ce, à l’instar de l’Union européenne et du FMI. Le président de la République sait pertinemment qu’une nomination inattendue et première dans son genre dans le monde arabe et dans la Tunisie remportera la sympathie et l’enthousiasme des parties étrangères et des amis de la Tunisie.
Une nomination qui intervient dans un contexte, où la société civile revendique encore et encore l’adoption de l’approche genre. Avec l’inclusion de la femme, plus de droits pour les femmes et la parité.
Cette nomination est aussi un message aux islamistes. Hostile à l’autonomisation de la femme, qu’ils sont. Que dire alors d’une femme à la tête du gouvernement! Ainsi, le président de la République fait savoir aux islamistes en particulier mouvement Ennahdha qu’il n’est pas question de toucher aux droits de la femme et des acquis de la société tunisienne moderne.
Pour illustrer l’ampleur du problème de la représentativité de la femme dans les gouvernements, on rappelle, à titre d’exemple, que le taux de présence des femmes dans le gouvernement de Youssef Chahed 2 était de l’ordre de 14%. Telles sont les données fournies par l’organisation non-gouvernementale Aswat Nissa (voix des femmes) en 2017. C’est aussi un message au mouvement féministe tunisien qui lutte depuis l’indépendance pour l’égalité entre l’homme et la femme
Faire de la femme son prochain réservoir électoral
Par ailleurs, cette action permettra au président de la République de mobiliser une bonne partie des femmes à ses cotés pour la prochaine présidentielle. Car, en effet, la nomination en question interpelle toute les femmes et va les inciter à voter pour lui. Si BCE a axé son discours sur l’acquis de la femme et la nécessité de les renforcer, lors de sa campagne électorale en 2014; Kaïs Saïed a donné une réalisation effective à la gloire de la femme tunisienne.