L’ancien président français Nicolas Sarkozy n’arrête pas de faire parler de lui. Jeudi 30 septembre, la justice l’a reconnu coupable de « financement illégal » de sa campagne présidentielle de 2012. En effet, le tribunal correctionnel de Paris l’a condamné à la peine maximale d’un an de prison ferme; dans ce qui est connu comme « l’affaire Pygmalion ». Son statut d’ancien président de la République a sans doute joué pour lui, puisqu’il ne sera pas détenu dans une prison; mais chez lui « sous surveillance électronique ».
Et ce n’est pas sa première condamnation. Le 1er mars dernier, Nicolas Sarkozy avait été condamné à trois ans de prison, dont un an ferme. Et ce, pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite « des écoutes ». S’il n’est pas en prison, c’est parce qu’il a fait appel de cette condamnation.
Deux condamnations contre Sarkozy
Le tribunal parisien a condamné en même temps que l’ancien président, une douzaine de ses anciens collaborateurs. Et ce, pour « la mise en place d’un système de fausses factures destiné à masquer l’explosion des dépenses de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. »
C’est que Sarkozy disposait alors d’un excès de liquidités qu’il avait dépensées dans la campagne présidentielle de 2012 dans l’espoir de se faire réélire. Mais d’où venait cet argent? Pour répondre à cette question, il faut avoir en tête la « profonde amitié » qui liait Nicholas Sarkozy, avant même qu’il ne soit président, à l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Une amitié qui connut son apothéose en décembre 2007 avec l’accueil en grande pompe de Kadhafi à Paris.
Lors de sa visite officielle en France, le dirigeant libyen n’avait pas caché son intention d’ « acheter français ». L’Elysée avait alors affirmé avoir « obtenu des contrats évalués à une dizaine de milliards d’euros ». Il était prévu que des avions Rafale, des hélicoptères Tigre, des bateaux et même des réacteurs nucléaires fussent livrés à la Libye. Mais après cette visite, les relations franco-libyennes allaient suivre un chemin plutôt chaotique.
Le moment de bascule
Dans une vidéo publiée le 15 novembre 2016 sur le site d’informations Médiapart, accompagnée d’un article, l’homme d’affaires franco-libanais, Zied Takieddine, présenté comme un intermédiaire dans les relations franco-libyennes, confiait avoir convoyé entre novembre 2006 et début 2007 « un total de cinq millions d’euros » dans des valises, lors de trois voyages entre Tripoli et Paris. Il précisait en outre que « certaines valises bourrées d’argent avaient été réceptionnées par Sarkozy lui-même à son bureau de ministre de l’Intérieur »…
Il est à rappeler que dès le début des troubles en Libye en février 2011, Sarkozy se transforma subitement en grand « défenseur de la démocratie » et ennemi mortel de Kadhafi. D’ailleurs, il joua un rôle déterminant à persuader l’ancien président américain Obama d’intervenir en Libye pour renverser « le dictateur libyen ».
D’aucuns s’étonnèrent que Sarkozy puisse désirer avec autant d’ardeur le renversement du régime libyen et la disparition de Kadhafi de la surface de la Terre. Une telle ingratitude envers un bienfaiteur si généreux ne s’explique pas par des convictions démocratiques. Ou le désir de voir le peuple libyen briser ses chaines et vivre libre et prospère. Un politicien, aux pratiques pour le moins troubles et troublantes, comme le sont celles de cet ancien président français, se soucie comme d’une guigne de ces considérations humanistes.
L’ironie du sort a voulu que les avions Rafale que Kadhafi a commandés lors de sa visite en France en décembre 2007 ne soient jamais été livrés. En revanche, ils ont participé, à côté des bombardiers américains et britanniques, au renversement du régime. Ainsi qu’au déferlement de l’anarchie et de la violence qui minent le pays jusqu’à ce jour.
L’ombre de Kadhafi
Il faut dire que Sarkozy était habité par une profonde inquiétude que la presse s’emparât un jour du secret de cette générosité sonnante et trébuchante de Kadhafi à son égard. Dans sa détresse, il pensait que la disparition du dirigeant libyen ferait disparaitre en même temps toute trace des valises bourrées d’argent. Il n’est donc guère étonnant que Sarkozy se démena comme un diable pour pousser vers une intervention de l’OTAN en vue de briser le régime qui assurait la stabilité et la sécurité en Libye durant plus de quatre décennies.
Sauf que peu de temps après la mort de l’ancien dirigeant libyen, les ennuis de l’ancien président français commencèrent. Depuis dix ans, la malédiction de Kadhafi poursuit Sarkozy. Une sorte de revanche posthume du donateur généreux contre le bénéficiaire ingrat.