L’universitaire et économiste Safouane Ben Aissa participait à un webinaire. C’est l’ATUGE qui l’organisait pour débattre de la situation actuelle des finances publiques et des moyens de parvenir à financer les déficits et de boucler le budget 2021. Il s’agissait de discuter de la pertinence de recourir à la planche à billets. Et de présenter des alternatives à cette solution souvent décriée.
Safouane Ben Aissa explique que le financement direct BCT-Trésor public accordé l’an est passé à hauteur de 2,8 milliards. Il a alimenté l’inflation avec un effet à retardement.
Aujourd’hui toute création monétaire va servir à la consommation de biens importés, ce qui alimentera encore plus l’inflation.
Et d’ajouter que la dette actuelle pourrait devenir soutenable si les financements se destinaient à la machine de production, comme cela avait été le cas dans le passé. La dette avait toujours été corrélée à des projets structurants. A titre d’exemple, avant de parler des énergies renouvelables, il faudrait penser à une ligne électrifiée sous-marine vers l’Italie pour acheminer notre production vers l’Europe. Ce qui nous manque c’est de la rationalité économique pour assurer une relance pérenne et durable.
« Nous avons épuisé tous les délais. Il est urgentissime d’avoir une feuille de route économique claire, mais également sociale. Il ne pourra pas y avoir de relance si on entame une nouvelle ère de revendications sociales. La partie déjà utilisée des DTS du FMI a servi à payer les salaires de septembre! Les 10 ans écoulés se sont limités à des effets d’annonces en matière de réformes. Et même les quelques lois intéressantes votées sont toujours en attente des décrets d’application depuis 2018 : RSE, ESS, crowdfunding… », souligne Safouane Ben Aissa.
Deux chantiers incontournables
Pour Safouane Ben Aissa, si la Tunisie entame de nouveau des discussions avec le FMI, deux chantiers sont incontournables:
- La convertibilité du dinar de manière progressive pour réduire la bulle entre le taux nominal et le réel;
- Le ratio masse salariale / PIB doit descendre autour de 14%, soit via un plan social. Ce qui est très compliqué à faire accepter aux syndicats, soit via la hausse du PIB si on se remet à produire.
« La bonne nouvelle concerne les activités extractives. Celles-ci accusent une hausse spectaculaire tant pour le gaz que pour le pétrole et le phosphate. Nous en ressentirons les bénéfices à moyen terme », ajoute Safouane Ben Aissa.
L’économiste considère aussi que la nomination d’une Cheffe de Gouvernement a inversé une tendance baissière depuis plusieurs semaines sur les Eurobonds de la dette tunisienne et nous devons concrétiser maintenant ces bonnes intentions.