En silence, l’épargne collective joue un grand rôle dans le financement de l’économie. Elle permet de souscrire aux emprunts obligataires corporates et souverains ainsi qu’aux Bons de Trésor. C’est un segment qui permet à l’industrie de l’intermédiation en Bourse de vivre avec la baisse du régime du marché actions.
Toutefois, le rendement net de ces véhicules, en particulier ceux obligataires, ne peut pas monter jusqu’à l’infini. En 2020, le rendement moyen était de 5,36%. Lors des années 2018-2019, ceux marqués par des taux d’intérêt élevés, les OPCVM obligataires avaient souffert. Des montants importants ont quitté les portefeuilles pour aller chercher des rendements plus rémunérateurs dans les comptes d’épargne bancaires qui offraient nettement mieux. Sur la période 2017-19, les OPVCM obligataires ont perdu plus de 850 MTND de leurs actifs nets.
Un trésor de guerre
Le point d’inflexion était avec la soumission, l’année dernière, des intérêts perçus sur les placements rapportant plus que TMM+1% à une retenue à la source de 35% au lieu de 20%. Dès l’annonce, les fonds ont fait le chemin inverse, retrouvant ainsi les organismes de placement collectifs. Depuis avril 2020, les OPVCM obligataires ont récupéré 1 272 MTND. L’actif net s’est établi, fin septembre 2021, à 4 462 MTND.
Cette aubaine a permis de souscrire à tous les emprunts obligataires émis depuis le début de l’année et à participer activement à l’emprunt national. Pour les deux tranches de ce dernier, les OPCVM ont assuré 55,2% des souscriptions avec 653,7 MTND. Nous n’avons pas d’idées sur la contribution de ces fonds aux adjudications de BTA/BTCT, mais c’est certainement très significatif.
Encore des années de bons rendements
Mais la tendance sur la période juillet – septembre 2021 montre une baisse de régime. Les difficultés économiques ont fini par peser sur la capacité des agents économiques à générer un surplus de liquidité à investir dans les véhicules d’investissements collectifs.
Ainsi, selon les statistiques du Conseil du Marché Financier, l’actif net des OPCVM obligataires est resté stable durant le mois de juillet (1 MTND de décollecte nette). Puis il a évolué de 87 MTND durant août, avant de régresser de 4 MTND en septembre.
Depuis le début de l’année, c’est toujours une collecte nette considérable qui a été réalisée (437 MTND).
Nous pensons qu’il y’aura une légère amélioration dans le rythme de collecte d’ici la fin de l’année. Il est clair que le Taux Directeur ne bougera pas, surtout que l’inflation sous-jacente est à 6%. La BCT a toujours une marge pour garder un taux d’intérêt réel positif.
Du point de vue politique, il serait extrêmement difficile de réviser ce taux à la hausse, surtout que Carthage plaide plutôt pour une baisse. C’est une bonne nouvelle pour les OPCVM qui continueront à être attractifs. Puisque les différents titres de créances à rendements élevés souscrits durant les années précédentes permettront d’offrir un rendement alléchant pour encore deux ou trois années.
Dans tout cela, les véhicules actions ne suscitent pas l’intérêt. Les investisseurs ont toujours une aversion au risque. Et s’ils veulent le prendre, ils achètent directement sur le marché actions sans passer par un fonds dédié. Depuis le début de l’année, les OPCVM actions ont perdu 60,9% de leurs actifs et ne représentent que 0,1% de l’industrie de l’épargne collective.