Revenant sur les raisons de la crise économique en Tunisie, lors de son intervention sur la chaîne Attasiâa l’économiste Abderrahman Lahga, estime que les raisons de la crise remontent à 20 ans et que la situation s’est encore dégradée en 2011.
Abderrahman Lahga estime qu’en 2011, le peuple tunisien s’est révolté pour la redistribution des opportunités et un meilleur système éducatif. De leur côté les hommes d’affaires se sont insurgés pour l’égalité d’accès aux opportunités économiques « Cependant, on s’est dirigé vers une phase de construction au lieu de se diriger vers les projets de réforme ». Il regrette que la Tunisie ait « adopté le chemin de réformes inachevées ».
L’économiste considère que la crise économique et la situation des finances publiques en Tunisie ne sont pas liées principalement à la politique de la Banque centrale de Tunisie (BCT). Pour lui, il ne faut pas limiter les problèmes des finances publiques au rôle de la BCT.
Il rappelle que le rôle du système financier est de financer les investissements et l’économie. « Nous devons nous poser la question pourquoi le système bancaire n’assume pas son rôle pleinement ? », s’interroge-t-il.
Répondant à la question de l’animateur, l’économiste a estimé qu’il ne faut pas imputer les problèmes de l’économie tunisienne aux augmentations salariales. Il pointe du doigt « une manipulation médiatique » à ce sujet. « L’UGTT a toujours tenu compte de la situation. D’ailleurs, sur les 10 dernières années, pendant trois années l’UGTT n’a pas revendiqué d’augmentations salariales : 2016, trois mois en 2017, 2020 et 2021 malgré les pressions exercées par nos adhérents , l’inflation et la situation critique ».
Il précise que le secteur public et la fonction publique comptent 700 mille salariés soit 700 mille familles d’où l’importance d’ajuster leur pouvoir d’achat. Par ailleurs, il pointe du doigt le « laxisme de la mise en place des réformes majeures ». Pour lui, le problème ne consiste pas à la masse salaire mais au pourcentage de la masse salariale par rapport au PIB. « S’il n’existe pas un effort pour booster l’investissement et améliorer les salaires, les citoyens ne peuvent pas s’en sortir ». L’économiste indique, également, que l’investissement est le seul moyen pour améliorer la situation en Tunisie.