Après plus de deux mois d’attente, l’annonce de la composition du gouvernement de Najla Bouden a eu lieu dans la journée du lundi 11 octobre. Mais face à la crise économique, l’équipe ministérielle devra retrousser ses manches. Car il serait temps d’annoncer de grands projets concrets ou encore des réformes. Et quid de la relance des investissements publics et de l’investissement en général? Même s’il s’agit d’un pas en avant, les avis demeurent mitigés.
Elyes Kasri, ancien ambassadeur de Tunisie en Allemagne, au Japon en Inde et en Corée et commentateur-analyste politique est revenu sur l’aspect diplomatique. Il déclare: « Nous semblons baigner dans l’autosatisfaction et devrons nous faire au maintien du dynamisme et des performances actuels. Pour nos partenaires étrangers, à part la symbolique de la participation féminine, il pourrait s’avérer difficile de percevoir un changement substantiel de ton et un surcroît de détermination dans la mise en œuvre des intentions politiques. »
Il estime qu’aucun grand projet créateur d’emplois, mobilisateur d’énergies ou générateur d’intégration inter-régionale n’a été annoncé par la nouvelle cheffe de gouvernement.
De plus, l’ancien diplomate soulève que la lutte contre la corruption semble être devenue une litanie. Et ce, avec une connotation moralisatrice aux fins politiciennes, sans modalités pratiques. « Et ce via une mise en œuvre au niveau réglementaire ou opérationnelle au sein de la fonction publique qui a été gangrenée par ce fléau et du secteur public qui a perdu toute compétitivité à cause d’une gouvernance calamiteuse et d’une corruption au stade de la métastase qui en ont fait un fardeau insupportable pour le Trésor public », poursuit-il.
Avant d’ajouter: « Tandis que le secteur privé a vu la désintégration du tissu productif tunisien au profit d’importations illégales bénéficiant d’une tolérance coupable et des importations formelles débridées et sans évaluation de leur impact sur l’économie nationale. »
L’économie tunisienne nécessite une vision concrète
Aujourd’hui, il y a urgence à prioriser la situation économique. Autrement dit, l’économie tunisienne nécessite une vision concrète et un gouvernement de combat. D’où la question: le gouvernement Bouden a-t-il ces attributs? A cette interrogation, Elyes Kasri estime que malgré les satisfécits prématurés, les premiers signaux ne sont pas aussi évidents qu’ils auraient pu l’être.
Il précise dans ce contexte: « Quoi qu’il en soit, le temps ne suspendra pas son vol pour la Tunisie. Les agences de notation continueront à faire froidement leur travail. Et le congrès américain donnera le ton de la perception occidentale de l’évolution de la transition démocratique en Tunisie a l’occasion du débat qui sera organisé 14 octobre par la commission des affaires étrangères de la chambre des représentants américains «
Et de conclure: « Cette ingérence dans les affaires intérieures tunisiennes sera intolérable pour la majorité des Tunisiens. Mais la situation économique critique et le niveau astronomique de l’endettement de la Tunisie sont tels que ceux qui nous y ont conduits depuis 2011 ont été les premiers à hypothéquer la souveraineté nationale et seront les derniers à pouvoir jouer les vierges effarouchées. »