Lors de son intervention mardi sur France 24, Moncef Marzouki « assume pleinement » et se montre même « fier » d’avoir contribué au report du Sommet de la Francophonie. Sous prétexte qu’il ne veut pas qu’un tel sommet se déroule dans un pays qui vit « sous une dictature ». Les réactions en Tunisie furent houleuses.
Sur le plan éthique, est-il défendable de porter atteinte aux intérêts vitaux de son pays? De salir sa réputation à l’international, au nom d’une certaine idée de la défense de la démocratie et des droits de l’Homme? Manifestement, il semble que M. Marzouki n’en a cure.
Est-il concevable qu’une personnalité politique de premier plan, de surcroit un ancien président « provisoire » de la République, lequel n’est même pas élu au suffrage universel direct, se déclare « fier » d’avoir fait saboter la tenue d’une manifestation internationale qui devait réunir à Djerba pas moins de 88 Etats et gouvernements, en l’occurrence le Sommet mondial de la Francophonie?
« Propos décontextualisés »
Alors, voulant laver ce qui reste de l’honneur de Moncef Marzouki, président d’honneur du Harak Tounes al-Irada, le porte-parole du parti a eu recours à une classique déviation. Arguant que les propos de l’ancien président provisoire « ont été sortis de leur contexte ».
Puis, il poursuit : « Moncef Marzouki a appelé les amis français à cesser de se tenir aux côtés du coup d’État manqué et à s’abstenir de le soutenir. Car il n’est pas juste pour un pays démocratique comme la France de soutenir un régime qui a renversé la Constitution et la démocratie ». Tout en ajoutant qu’à la fin de son discours, M. Marzouki avait souligné « l’indépendance de la décision nationale tunisienne ». Allez comprendre quelque chose!
Marzouki persiste et signe
Cependant, dans une déclaration de 12 minutes accordée à France 24, mardi 12 octobre, Moncef Marzouki, ne cachait pas « sa fierté » d’avoir été pour quelque chose dans le report du Sommet de la Francophonie qui devait avoir lieu à Djerba les 21 et 22 novembre de cette année. Car la présence de dirigeants internationaux au Sommet de la Francophonie « s’apparenterait à une approbation internationale du coup d’Etat ».
Ainsi, il persiste et signe: « Oui, je l’assume pleinement et j’en suis fier. Je ne veux pas qu’un tel sommet se déroule dans un pays qui vit sous une dictature. J’aurais souhaité qu’il se déroulât en Tunisie. Mais à condition que ce soit dans un pays démocratique. Mais voir trente chefs d’Etat de pays démocratiques venir dans un pays qui vit un putsch, ceci est un blanc-seing pour la dictature et c’est ce que je refuse ».
Et d’adoucir le ton ayant pris conscience d’avoir lancé le bouchon trop loin. « Je souhaite que le pays retrouve la démocratie, durant cette année. Et je serai heureux, à ce moment là, de voir le sommet se dérouler en Tunisie ». Trop tard M. Marzouki, le mal est fait.
Or, l’ancien président de la République, Moncef Marzouki est un récidiviste. Puisque, trois jours plutôt, et lors d’une manifestation organisée samedi 9 octobre 2021 à Paris contre les mesures exceptionnelles du 25 juillet, ainsi que le décret présidentiel 2021-117, il exhortait le gouvernement français « à rejeter tout appui à ce régime et à cet homme qui ont comploté contre la révolution et qui ont aboli la constitution ». Un appel manifeste à l’ingérence étrangère.
« La France démocratique ne peut être d’aucune façon à côté d’un régime dictatorial. C’est dans l’intérêt de la France et de la Tunisie que ce coup d’Etat raté se termine le plus vite possible. La France doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour fermer cette parenthèse », a-t-il martelé.
Des propos qui ont provoqué l’ire du bureau exécutif du Syndicat du corps diplomatique tunisien. Lequel qualifiait ces déclarations de « dangereuses et honteuses ». Il appelait en conséquence à « retirer le passeport diplomatique accordé à l’ancien président provisoire ».
Démesure
Une réaction responsable, à l’opposé de l’attitude outrancière du jeune chroniqueur, Riadh Jrad, connu pour sa fougue. Et qui se croit tout permis, à cause de sa proximité présumée avec la présidence de la République. En effet, il qualifiait Moncef Marouki, dans la soirée du 13 octobre 2021, lors de l’émission Rendez-vous 9 sur Ettassia TV, de « traitre et d’agent travaillant contre sa patrie ».
L’outrance appelle à l’outrance.