La presse écrite arabe est en crise. L’audiovisuel est, à son tour, menacé. Comment les médias arabes peuvent-ils s’en sortir, à l’heure des nouvelles technologies rampantes: les réseaux sociaux et les plateformes digitales? La question occupait les esprits des participants au 1er Congrès sur l’information dans la région arabe. Il était organisé, le 19 octobre 2021, à Tunis, par l’ASBU.
Comment se porte la presse imprimée dans les pays arabes? Plutôt mal. Tel est du moins le constat réalisé au cours du 1er Congrès sur l’information dans la région arabe. Cet événement autour des médias arabes se déroulait le 19 octobre 2021, à Tunis, sous l’égide de l’ASBU (Union des Radiodiffuseurs des Etats Arabes).
Baisse des ventes des exemplaires des journaux, disparition de titres, chute des recettes publicitaires, etc. Les signes annonciateurs ne trompent pas. La presse imprimée est en crise. Ancien rédacteur en chef du journal égyptien Al Akhbar, Mohamed Hassan Mohamed Ibrahim, a présenté deux chiffres, à ce niveau, qui font mal. Ainsi, le quotidien Al Ahram distribuait à lui seul un million d’exemplaires, au début des années quatre-vingt; alors que tous les quotidiens égyptiens réunis ne font pas aujourd’hui plus de 150 000 exemplaires!
Facebook à la Une de la presse imprimée
Comment sortir de cette crise aigüe? La solution est peut-être à chercher dans l’innovation. Le quotidien koweitien Al Nahar a imaginé un stratagème. En effet, il a consacré chacune de ses éditions quotidiennes à un public cible répondant à son goût et à ses attentes. C’est ce qu’expose Sami Abdelatif Annesf, ancien ministre koweitien de l’information. Il est d’ailleurs venu avec des exemplaires dont la manchette est publiée dans une couleur différente: chacune pour une cible différente.
Autre solution: faire du contenu de messages diffusés sur Facebook, des sujets de la Une du quotidien libanais Al Nahar. Voilà cette fois ce que raconte Maha Zeraket, enseignante et chercheure à la Faculté de journalisme de Beyrouth.
C’est dire la réelle concurrence que ne cessent de faire les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, WhatsApp, etc.) à la presse imprimée. Les gens utilisent le mobile pour lire la presse. Une concurrence qui ne s’arrête pas du reste aux portes de la presse imprimée. L’audiovisuel est lui-même menacé par les réseaux sociaux dans leur ensemble.
Comme par les plateformes digitales qui sont également pourvoyeuses de contenus. Ces NETFLIX, HBO ou encore HULU qui sont en train de changer le visage de la création audiovisuelle.
La révolution technologique est passée par là et ne fait pas que du bien aux médias traditionnels. Ils se doivent de s’adapter pour pouvoir survivre. Une partie du débat du 1er Congrès sur l’information dans la région arabe s’est focalisée sur cet aspect.
Pas de retour en arrière
Et les recommandations préparées par Abdelhafidh Herguem, rapporteur général du Congrès, expert international en communication et ancien Directeur Général de l’ASBU, sont allées dans ce sens.
Car, il n’y aura pas de retour en arrière. Il a évoqué, dans ce cadre, l’importance d’accorder toute sa place à la digitalisation des contenus. Ainsi qu’à la mise en place des voies et moyens en vue d’assurer une production des contenus en ligne et à distance.
Autre souci exprimé dans le même congrès sur l’information arabe de l’ASBU: donner la part belle à la formation pour pouvoir précisément s’adapter aux mutations qui se dessinent. Expert international en communication, ancien Directeur Général du Centre Africain de perfectionnement des Journalistes et des Communicateurs (CAPJC) de Tunis et responsable de l’Académie de la formation aux médias au sein de l’ASBU, Ridha Najar a largement plaidé dans ce sens.