Depuis quelques jours, la montée des critiques étrangères envers la situation en Tunisie ne cesse d’augmenter… Que peut-on en déduire d’après Elyes Kasri?
Elyes Kasri, ancien ambassadeur de Tunisie en Allemagne, au Japon, en Inde et en Corée et commentateur-analyste politique, apporte son expertise. Il estime qu’il s’agit d’un tournant politique pris en Tunisie depuis le 25 juillet et le crescendo honteux des pseudo-patriotes tunisiens qui s’efforcent de monter l’opinion publique étrangère contre le président Kaïs Saïed et la Tunisie. Tout en poursuivant : » Préconiser un boycott de la Tunisie ou une suspension des aides étrangères rappelle, à certains égards, la campagne menée par beaucoup de ces “patriotes” à partir des années 2000 contre le régime de feu Ben Ali à l’occasion des pourparlers en vue de la tenue à Tunis du Sommet Mondial sur la Société de l’Information (SMSI) qui a fini par se tenir, après un partage laborieux avec la Suisse, en 2003 dans ce pays et en 2005 en Tunisie. »
Avant d’ajouter : « Même si la Tunisie était à l’époque en meilleure situation économique et sociale et avait une administration et une diplomatie plus performantes, le préjudice international a été irrémédiable pour le régime de feu Ben Ali et nous a menés, parmi d’autres facteurs, à la «révolution» et une décennie de démantèlement de tous les acquis nationaux au point que les économistes pensent désormais que l’objectif primordial sera le retour aux indicateurs socioéconomiques de 2010, coïncidant avec la fin du règne de feu Ben Ali. »
« La Tunisie a actuellement moins d’atouts »
Selon Elyes Kasri, il faut reconnaître que considérablement affaiblie par une décennie perdue, caractérisée par une gouvernance calamiteuse et à bien des égards criminelle, la Tunisie a actuellement moins d’atouts pour faire face aux critiques et pressions étrangères.
Et de conclure : « Evitons le patriotisme excessif et à la limite de l’inconscience qui nous fait croire que notre pays peut vivre en autarcie et prenons dûment conscience de nos insuffisances pour éviter de les exacerber ; essayons plutôt d’en faire, avec une communication mieux élaborée et une diplomatie plus performante, un moyen de relance de notre économie et de notre cohésion sociale, facteurs déterminants de toute intégrité et souveraineté nationales. »