Retournement de l’histoire ? Sans doute. La Tunisie en a connu d’autres. Toujours avec le même modus operandi. En fait, le pouvoir a ceci de particulier qu’il n’est pas éternel. Certains ont du mal pourtant à le comprendre.
Comme les temps changent. On savait que le pouvoir a ceci de bien particulier qu’il n’est pas éternel. C’est la loi divine qui nous l’enseigne notamment. Mais que les choses évoluent jusqu’à ce point !
Il n’y a qu’à apercevoir ce qui se passe sous nos yeux depuis quelques jours pour se rendre compte que ceux qui tenaient les rênes du pays sont aujourd’hui bien mal au point. Qui aurait cru il y a seulement quelques mois qu’un serveur soit saisi, comme cela a été le cas, le 25 octobre 2021, au siège d’Ennahda, « pour transférer son contenu et effectuer les tests techniques nécessaires » ?
On croyait -et on savait- que le mouvement islamiste était intouchable. Que d’affaires connues ou plus ou moins connues, mais sans que personne ne bouge. La faute est-elle à une partie de la justice à laquelle le chef de l’Etat avait demandé, notamment le 4 octobre 2021, en recevant le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), Youssef Bouzakher, de bouger ?
Un « laisser-faire, laisser-passer »
Il ne s’agit pas évidemment du seul mouvement islamiste. Car, d’autres parties pratiquaient leur « laisser-faire, laisser-passer » sans qu’elles soient inquiétées. Doit-on penser que ceux qui commencent à être cités dans des affaires de corruption ou dans d’autres, et dont certains sont arrêtés, sont ceux-là mêmes qui officiaient hier dans les allées du pouvoir ?
Quoi qu’il en soit, la chose est bien visible maintenant qu’il y a en haut lieu une détermination à aller de l’avant pour ne pas laisser faire tous les contrevenants. Et à leur demander des comptes.
Quoi qu’il en soit également, la chose est bien visible que nous sommes face à un retournement de l’histoire comme on en a vu d’autres dans l’histoire récente de la Tunisie. La Tunisie en a vu d’autres. Et à chaque fois, c’est le même modus operandi.
Ceux qui ont aujourd’hui un certain âge se souviennent sans doute de ce qui s’est passé avec l’indépendance et la proclamation de la République. Ou encore avec l’arrivée de Zine El Abidine Ben Ali au Palais de Carthage. Comme à son départ. On dit que l’histoire est un éternel recommencement.
Un acte irrégulier n’est pas toujours impuni
En fait, à chaque fois les rênes du pouvoir comme la peur changent de camp. A nous tous de le comprendre. Et pour de bon. Car, ceux qui ont le vent en poupe oublient souvent que leur pouvoir peut être emporté à tout moment. A la faveur d’un changement. Un changement que ceux précisément qui ne se soucient point de la gravité de leurs faits et gestes contribuent à hâter.
Celui qui a, en mars dernier, provoqué un véritable scandale à l’aéroport Tunis-Carthage en interpellant des agents des frontières, et sur un ton hautain, afin qu’ils permettent à une personne de voyager alors qu’elle n’en avait pas le droit, a-t-il compris qu’un acte irrégulier n’est pas toujours impuni ?
Et certains peuvent beaucoup perdre à ce jeu. A commencer par tout ce qu’ils ont réussi à récolter durant des années sans se poser de questions et sans penser aux conséquences !
Gagné par cette « volonté de puissance », selon l’approche de Friedrich Nietzsche, qui désigne la satisfaction de pulsions, seraient-elles malveillantes et synonymes d’abus et d’exactions, ne favorise que rarement la réussite !