En Tunisie, peut-on parler d’une sortie de la crise financière? Sinon, par quels moyens peut-on y parvenir? Serait-ce à travers des emprunts à l’échelle internationale? Alors qu’aux dernières nouvelles, l’agence de notation Moody’s dégradait la note de la Tunisie à Caa1 avec perspectives négatives. Plus encore, les prêts et les dons des pays amis peuvent-ils suffire?
Elyes Kasri, ancien ambassadeur de Tunisie en Allemagne, au Japon, en Inde et en Corée et commentateur, analyste politique, apporte son expertise. Ainsi, il estime que des prêts ou dons de la part de pays frères et amis ne sauveront que peu la Tunisie. Et ce, de la crise profonde dans laquelle l’a enfoncée une décennie de pillage et de gouvernance calamiteuse. Ils peuvent même s’avérer vains et trompeurs. Car l’aide ne peut être que conjoncturelle. Et elle ne pourra pallier aux graves défaillances systémiques de l’administration et de l’économie tunisiennes.
La crise en Tunisie n’est pas conjoncturelle
Avant d’ajouter: « Il faudra bien admettre que la crise en Tunisie n’est pas conjoncturelle mais systémique. Et elle nécessite des réformes profondes et douloureuses que la fuite en avant de l’endettement et de la mendicité ne peuvent que rendre plus pénibles et plus coûteuses économiquement, socialement et diplomatiquement. »
Elyes Kasri poursuit: « D’autre part, comment pourrions prétendre instaurer une démocratie moderne alors qu’en même temps nous mettons les jalons de notre dépendance de pays qui, pour le moins que l’on puisse dire, connaissent un déficit démocratique et pourraient être tentés, en échange de leur générosité, de nous entrainer dans leurs contentieux internationaux. »
Et de conclure: « Outre son coût économique, la fuite en avant de l’endettement risque de compromettre nos aspirations démocratiques et notre souveraineté intérieure et internationale.
D’où plusieurs interrogations qui demeurent en suspens. A l’instar de comment financer l’inflation des salaires de l’administration publique. N’est-il pas temps de se projeter vers le futur! Pourquoi ne pas créer une nouvelle ville administrative verte et intelligente?