L’Algérie a annoncé, hier mercredi 3 novembre, la mort de trois de ses ressortissants. Et ce, dans un bombardement attribué au Maroc. Une information aussitôt démentie par les autoritaires marocaines. D’autre part, l’abstention de la Tunisie le 30 octobre au vote du texte de la résolution sur le Sahara marocain présenté par les Etats-Unis a provoqué l’ire de la presse marocaine. Puisqu’elle la considère comme un parti pris pour le voisin algérien.
Une bavure ou acte prémédité? La tension déjà à son comble est montée d’un cran entre les deux géants du Maghreb. Et l’on ne peut, hélas, que s’attendre à une escalade où tous les scénarios sont envisageables; y comprit le conflit armé. En effet, l’Algérie a annoncé, hier mercredi 3 novembre, la mort de trois de ses ressortissants dans un bombardement attribué au Maroc. Ce bombardement aurait pris pour cible des camions faisant la liaison entre la Mauritanie et l’Algérie, au Sahara occidental. Un territoire déjà le théâtre de la guerre des Sables en octobre 1963 entre les deux frères ennemis du Maghreb.
Bruit de bottes
L’agence officielle de presse algérienne APS, relayant un communiqué de la présidence algérienne, réagissait plus de 24 heures après l’incident. Et ce, en déclarant: « Le 1er novembre 2021, alors que le peuple algérien célèbre dans le joie et le sérénité le 67ème anniversaire du déclenchement de la glorieuse révolution de libération nationale, trois ressortissants algériens ont été lâchement assassinés par un bombardement barbare de leurs camions. Alors qu’ils faisaient la liaison Nouakchott-Ouargla, dans un mouvement naturel d’échanges commerciaux entre les peuples de la région. »
A savoir que la route reliant Nouakchott à Ouargla, dans le Sud algérien, longue de quelque 3500 km, longe le Sahara occidental.
En rendant hommage aux « trois victimes innocentes de cet acte de terrorisme d’État », la même source apportait des précisions. A savoir que « plusieurs facteurs désignent les forces d’occupation marocaines au Sahara occidental comme ayant commis, avec un armement sophistiqué, ce lâche assassinat ». Mais, ajoute le communiqué sur un ton menaçant « leur assassinat ne restera pas impuni ».
« Si l’Algérie veut la guerre, le Maroc n’en veut pas »
Par ailleurs, les autorités marocaines n’ont pas fait de commentaire dans l’immédiat. Cependant, une source marocaine, sous couvert d’anonymat, donnait des éclaircissements, mercredi 3 novembre, à l’AFP. Ainsi, il semblerait que « le Maroc ne se laissera pas entraîner dans une guerre avec l’Algérie ». La même source ajoute que « si l’Algérie veut la guerre, le Maroc n’en veut pas. Le Maroc ne sera jamais entraîné dans une spirale de violence et de déstabilisation régionale. » Tout en assurant que le royaume chérifien « n’a jamais ciblé et ne ciblera jamais des citoyens algériens, quelles que soient les circonstances et les provocations ».
Des relations mouvementées
A ce stade, rappelons que la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, en échange de la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, en plus du dérapage d’un diplomate marocain qui appelait à l’autodétermination de la Kabylie, ont déjà entrainé la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. Une mesure suivie par la fermeture de l’espace aérien algérien aux avions marocains. En plus de l’arrêt de l’approvisionnement de l’Espagne via le gazoduc Maghreb-Europe qui passe par le Maroc.
Sachant également que le dossier explosif du Sahara occidental oppose depuis trois décennies le Maroc au Front Polisario. Ex-colonie espagnole, il est considéré comme un « territoire non autonome » par l’ONU, en l’absence d’un règlement définitif.
Ainsi, Rabat contrôle près de 80% de ce vaste territoire désertique au riche sous-sol et bordant des eaux poissonneuses. Alors qu’Alger soutient les indépendantistes sahraouis du Front Polisario. Lequel réclame un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU, qui devait avoir lieu lors de la signature d’un cessez-le-feu en 1991.
L’abstention surprise de la Tunisie
A savoir que le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé, le 29 octobre, de prolonger le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental. Considérée comme largement favorable aux thèses marocaines, la résolution votée par 13 voix pour et deux abstentions dont la Russie et la Tunisie, a été fustigée par Alger, qui la qualifie de « partiale ».
Ainsi, la Tunisie, membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, s’est abstenue le 30 octobre de voter le texte de cette résolution présentée par les Etats-Unis.
Un parti pris pour le grand voisin algérien au détriment du Maroc?