Alors que la communauté internationale se penchait dans le cadre de la COP26 sur l’importance critique de l’environnement pour notre avenir, une réunion cruciale sur les ressources biologiques et les écosystèmes marins en Méditerranée et en Mer Noire s’est également tenue la semaine dernière.
Les représentants des pays de la Méditerranée dont la Tunisie et de la Mer Noire se sont réunis à l’occasion de la session annuelle de la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM) de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Ils ont adopté le week-end dernier un nombre total de 21 recommandations contraignantes et 14 résolutions. Celles-ci visent à renforcer les efforts en faveur de la conservation, l’utilisation durable et la gestion des ressources halieutiques en Méditerranée et en Mer Noire.
Ces mesures portent sur des aspects tels que la mise en place de mesures de gestion pour une pêche au chalut durable, la définition d’une taille minimale de référence de conservation pour les stocks prioritaires, l’atténuation des impacts de la pêche sur les espèces vulnérables, les zones de pêche réglementée ou encore la communication d’informations concernant l’utilisation d’espèces non indigènes en aquaculture.
Elaboration des lignes directrices
Parmi ces mesures, la résolution concernant les engins de pêche abandonnés, perdus ou rejetés est la première du genre en Méditerranée et en Mer Noire. Les filets fantômes, comme on les appelle plus généralement, constituent une part importante de la pollution marine qui menace les habitats sensibles, et présentent un risque d’enchevêtrement ou d’ingestion pour la faune marine.
En présence d’observateurs comprenant des organisations non gouvernementales telles que l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), Oceana et le Fonds mondial pour la nature (WWF), la représentante de l’Union européenne a souligné que ces dispositifs restaient encore fonctionnels longtemps après avoir été abandonnés, devenant ainsi des engins de pêche fantômes.
Pour faire face à cette situation récurrente, les pays ont adopté une procédure détaillée destinée aux navires de pêche perdant leurs engins (procédure de récupération).
En outre, ils ont convenu de travailler à l’élaboration des lignes directrices visant à équiper les ports d’installations permettant de récupérer les engins de pêche rejetés. La Commission soutient pleinement ces efforts déployés en Méditerranée et en Mer Noire et espère qu’ils ouvriront la voie à des initiatives similaires dans d’autres régions du monde.
Le rôle crucial de la conformité pour une mise en œuvre uniforme des décisions
Les recommandations adoptées afin de soutenir la CGPM dans l’exécution de son mandat ne sont efficaces que si elles sont systématiquement transposées par l’ensemble des parties contractantes et parties non contractantes coopérantes à la CGPM dans leurs législations nationales. Pour cette raison, et pour envoyer le signal fort qu’il ne s’agit pas seulement d’engagements sur le papier, la CGPM a également fait des avancées considérables afin de favoriser une culture de la conformité et une confiance mutuelle.
L’un des principaux objectifs de la session annuelle était de soutenir le cadre de conformité de la Commission au moyen d’un plan solide et opérationnel prenant en compte le suivi, le contrôle et la surveillance et incluant des mesures novatrices pour la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INDNR). En effet, ce plan garantira un suivi rapide des mesures concrètes prises au niveau national. Et ce, afin d’assurer la pleine application des recommandations ambitieuses qui ont été adoptées et d’exhorter l’ensemble des pays à respecter leurs engagements.
Avancées dans la lutte contre la pêche INDNR
La pêche INDNR reste l’une des plus grandes menaces qui pèsent sur les écosystèmes marins en raison de ses effets néfastes qui sapent les efforts nationaux et régionaux en faveur d’une gestion durable de la pêche ainsi que ceux en matière de conservation de la biodiversité marine.
Afin d’aider les garde-côtes nationaux, les entités chargées de l’application de la législation en matière de pêche, les gouvernements et tous les autres organismes de réglementation à identifier les navires exerçant des activités de pêche INDNR, la CGPM avait déjà établi une liste des navires présumés pratiquer la pêche INDNR.
À compter de ce week-end, cette liste sera désormais renforcée et complétée par toutes les informations pertinentes disponibles via les organisations régionales de gestion des pêches opérant dans d’autres régions du globe. Ce qui facilitera ainsi l’identification des navires INDNR par la communauté internationale, quel que soit l’endroit où ils opèrent.
« La nouvelle liste des navires INDNR de la CGPM, associée aux nouvelles décisions sur les procédures d’observation, les responsabilités des États du pavillon et la dissuasion des cas de non-conformité, permettra d’identifier rapidement tous les navires figurant sur d’autres listes de navires INDNR s’ils venaient à entrer dans les eaux de la Méditerranée et de la Mer Noire », a expliqué le Secrétaire Exécutif de la CGPM, Abdellah Srour.
Et d’ajouter: « Cela permettre de réagir plus rapidement et la CGPM pourra ainsi immédiatement prendre des mesures fortes contre ces navires tout en renforçant la coopération avec d’autres organisations régionales de gestion des pêches. L’adoption de cette mesure représente un grand pas en avant pour notre région. »