Parler d’activisme contre la violence basée sur le genre est plus nécessaire que jamais. Aujourd’hui, les activistes des droits des femmes venant de 128 pays, y compris du Maroc et de Tunisie, lancent la diffusion du premier projet du traité mondial pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles. De ce fait, ce projet n’a pu aboutir qu’après huit ans de recherches intensives et consultations, avec des experts.
Marina Pisklakova-Parker, l’une des cofondatrices du Every Woman Treaty, a lancé la première ligne verte pour la violence conjugale. Et ce, comme un plaidoyer pour des réformes aux lois en Russie. Elle déclare dans ce contexte: « Nous avons besoin d’un traité mondial pour protéger les femmes et les filles contre la violence. »
Rappelons que le traité sera déposé auprès des Etats membres des Nations Unies. Lesquels sont incités à finaliser et à ratifier cette convention internationale importante.
De plus, aux dernières nouvelles, l’Organisation mondiale de la Santé, a fait savoir que la violence à l’égard des femmes « reste terriblement omniprésente. L’étude montre qu’une femme sur trois dans le monde est victime de violence. Ce sont les jeunes femmes qui demeurent parmi les plus à risque. Et ce, en raison de l’impact de « la pandémie occultée ». Ce qui fait que 57% des femmes ont subi une forme de violence basée sur le genre. Il en va de même pour 48% en Tunisie.
Saida Kouzzi est Associée fondatrice de MRA Mobilising for Rights Associates à Rabat, organisation internationale au Maghreb qui fait partie du Groupe de travail mondial et du Comité d’experts de Every Woman Treaty. Elle insistait sur l’importance du cadre juridique. Tout en mettant en avant les formations des acteurs publics, l’éducation, un budget et les données.
« Lutter contre la violence à l’égard des femmes et des filles n’est pas anodin. Car pour y parvenir, il faut des politiques et des lois qui marchent. C’est ce que soulignait la juge Najla Ayoubi, une autre cofondatrice de Every Woman Treaty.
D’ailleurs, parmi les pays ayant des lois sur la violence conjugale, on note 32% de moins de mortalité des femmes. Prenons l’exemple de l’Ouganda, il s’avère que le taux de la violence entre partenaires intimes dans huit communautés s’est réduit de 52% après des formations à la prévention de la violence.
Et parallèlement aux États-Unis, quinze ans après l’adoption de la loi sur la violence contre les femmes, la violence entre partenaires intimes a connu une chute de 53%.
Pour sa part, Mounira Balgouthi, chargée de Marsadnissa Tunisie, revient sur le rôle des nations. Elle déclare: « Il ne s’agit pas d’un pays dictant à un autre ce qu’il doit faire. Il s’agit des nations qui se rassemblent pour mettre fin, une fois pour toute, à la violence à l’égard des femmes et des filles. »
En somme, les efforts déployés pour modifier la CEDAW (la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes) pour qu’elle soit interprétée en tenant compte de la violence, n’ont pas été couronnés de succès non plus.
Ce qui fait qu’un traité mondial fournira des ressources et une formation essentielles. Il devra mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles. Cela signifie entre autres qu’il va falloir clarifier les normes pour prévenir, protéger, éliminer et condamner la violence à l’égard des femmes et des filles. Plus encore, il faut fournir un cadre de reporting spécifique basé sur des métriques, mettre en place un organe de contrôle international, exiger une formation et une responsabilisation des policiers, des juges et des professionnels de la santé. Mais aussi augmenter les financements alloués aux services fournis aux survivantes; tels que les centres d’accueil pour femmes, l’assistance téléphonique et l’aide juridique. Et enfin donner la priorité à la sensibilisation sur la prévention de la violence. Ce sont autant de recommandations que tout le monde devrait appuyer.