Tout semble baigner dans l’huile entre Najla Bouden et Noureddine Taboubi. Surtout après les « largesses » de la cheffe du Gouvernement à l’encontre de la centrale syndicale. Mais, s’interrogent les observateurs, dans une conjoncture économique plus que morose, où va-t-elle trouver les ressources financières pour honorer ses engagements?
C’est la lune du miel entre l’affable cheffe du gouvernement, Najla Bouden, et l’intraitable patron de la centrale syndicale, Noureddine Taboubi.
Déjà, avant la réunion cruciale à la Kasbah qui s’est déroulée lundi 15 novembre 2021, entre le bureau exécutif de l’UGTT et les membres du gouvernement, M. Taboubi avait manifesté publiquement son appui à Bouden lors de leur premier entretien.
En effet, à l’issue de sa rencontre, le 27 octobre avec la cheffe du gouvernement fraîchement nommée, le SG de l’UGTT affirmait avoir senti « une envie de réussite, de persévérance et de patriotisme de la part de la cheffe du gouvernement ». Un hommage rare dans sa bouche.
Continuité de l’Etat
Ainsi, à l’issue de cette rencontre, le SG adjoint de l’UGTT, Hfaïedh Hfaïedh, déclarait que la réunion « a insisté sur la continuité de l’Etat. Et l’engagement du gouvernement actuel en faveur de l’application de toutes les conventions, qui paraitront, de suite, dans le Journal Officiel ».
De même, il précisait à Echaab news, organe de l’UGTT, qu’il a été convenu « de faire paraitre la première liste du premier contingent des travailleurs de chantier dont le nombre est de six mille, dans un délai ne dépassant pas le 15 décembre prochain ».
Concernant le volet politique, Noureddine Taboubi, tenait à souligner que « la réunion s’est déroulée dans une franchise totale ». Il martelait donc « qu’il n’est pas question de revenir à la situation d’avant 25 juillet ». Date à laquelle le président Kaïs Saïed annonça les mesures exceptionnelles, dont le gel du Parlement.
« Nous devons saisir cette opportunité, dans un esprit participatif, pour élaborer un nouveau code électoral. Mais aussi programmer des élections législatives anticipées et mettre ensuite en place la Cour constitutionnelle ». C’est ce que déclarait le SG de l’UGTT lors d’un point de presse tenue à la Kasbah.
Largesses
Abordant le volet socio-économique, M. Taboubi indique qu’environ 6 000 travailleurs des chantiers bénéficieront, avant le 15 décembre prochain, de la régularisation de leur situation. D’ailleurs, Najla Bouden s’est engagée à la révision du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG).
En outre, il a été convenu, toujours selon lui, de discuter plusieurs autres dossiers, dont: l’application des accords sur le travail précaire; la réforme des entreprises publiques; la réforme des circuits de distribution, de la justice fiscale; ainsi que l’épineux dossier des subventions.
« La volonté du gouvernement de résoudre tous les dossiers et de relancer le partenariat avec la centrale syndicale dans l’avenir est perceptible ». D’ailleurs, fait-il savoir, des réunions devraient se tenir prochainement. Et ce, dans le cadre de commissions mixtes, pour identifier les axes des réformes.
Pour sa part, le porte-parole du gouvernement et ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Nasreddine Nsibi, soulignait « l’engagement » du gouvernement actuel à mettre en application toutes les conventions conclues précédemment. Et ce, pour assurer « la continuité de l’Etat ». Il s’exprimait lors du point presse à l’issue de la réunion avec le bureau exécutif de l’UGTT.
Mais, a-t-il averti, « nous devons être tous conscients de la situation de notre pays, nous sommes à un point critique où les solutions doivent être déployées. Elles ne seront pas improvisées mais devront se baser sur des données scientifiques et objectives ».
Mystère et opacité
Jusque-là, entre le gouvernement et la centrale syndicale, tout va pour le mieux, dans le meilleur des mondes.
Mais, par quel miracle la cheffe du gouvernement va-t-elle trouver les ressources financières pour financer « toutes les conventions conclues précédemment au nom de la continuité de l’Etat »; ainsi que la révision du SMIG? Et ce, alors même que le porte-parole du gouvernement reconnait « le point critique » de la conjoncture économique de notre pas.
D’autant plus que la Loi de finances complémentaire pour l’exercice 2021 vient d’être publiée hier mardi 16 novembre 2021 au Journal officiel de la République tunisienne (JORT). Où il appert que le volume des dépenses du budget de l’Etat de l’année 2021 atteint 44.241 milliards de dinars. Alors que les rentrées s’élèvent à 34.499 milliards de dinars.
Prenons une calculette. Comment le gouvernement a-t-il pu combler le trou abyssal de 9 792 milliards de dinars pour compléter le budget de 2021? Par quel miracle les autorités ont-elles levé cette grosse somme d’argent?
Motus et bouche cousue. Que nous cache-t-on?