La promesse d’un changement dans son style de gouvernance. C’est ce qu’a annoncé le président de la République Kaïs Saïed à plusieurs reprises. Et ce, en présidant le Conseil des ministres chaque jeudi. Cela dit, pour une bonne partie des experts, le problème qui se pose en Tunisie est par excellence économique plus que politique.
Joint par téléphone, Hafidha Chekir, la vice-présidente de la FIDH, professeure en droit public et membre de l’Association tunisienne des femmes démocrates, souligne que les deux sont intrinsèquement liés. Autrement dit, le politique est liée à l’économie et vice-versa.
Elle précise dans ce contexte: « Tout est indissociable car le président de la République a adopté le décret n° 117 du 22 septembre dans lequel il concentre tous les pouvoirs entre ses mains. Il est impossible de continuer ainsi quand on veut réaliser la démocratie et garantir les libertés. En d’autres termes, il faut qu’il y ait un pouvoir de contrôle du pouvoir politique ».
Et de poursuivre: « Une instance de contrôle est indispensable. Rappelez-vous quand Montesquieu enseignait le droit constitutionnel. Il disait que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser. De ce fait, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. »
Ce qui signifie, selon elle, que la mise en place des structures de contrôle est nécessaire. Celles-ci pourront au moins établir un équilibre entre les pouvoirs et contrôler la politique. Et ne pas se contenter de discours pas forcément profitables aux gens, quand on parle de crise économique.
Elle ajoute: « Et pour revenir à 2011, le soulèvement populaire partait de deux éléments, la dignité humaine et la liberté. Or, dix ans plus tard, quel est donc le résultat de la course? Avons-nous garanti la dignité humaine ainsi que la mise en place de projets économiques? Pour au moins résoudre une partie des problèmes des jeunes au chômage ».
Alors de conclure: « En démocratie, on lie à la fois l’aspect politique et social. Car, toute démocratie qui se respecte a besoin d’une constitution. A savoir un minimum de sécurité et le respect de droits, notamment économiques et sociaux. En somme, il faut trouver des projets économiques et convaincre les investisseurs, pour au moins garantir un minimum d’emploi des jeunes. »