Et si la virulente diatribe de l’ancien président provisoire de la République, Moncef Marzouki contre Kaïs Saïed ne servait qu’à masquer qu’il roulait, en réalité, pour le parti islamiste Ennahdha?
Panique au palais de Carthage depuis que l’ancien président provisoire de la République, Moncef Marzouki, a exprimé sa ferme volonté d’organiser son retour en Tunisie pour « sauver le pays ».
De quel éminent danger, a-t-on le droit de s’interroger? Et la réponse fuse d’elle-même: de son nouveau ennemi juré le chef de l’Etat, Kaïs Saïed. Qui est « mentalement instable » et qu’il a juré « de destituer et de traduire devant la justice ». De l’art de prendre ses envies pour des réalités.
« Instabilité mentale »
Manifestement M. Marzouki n’a pas gobé que son successeur a commis l’irréparable envers son auguste personne. Et ce, en lui retirant son passeport diplomatique et tous les avantages liés à sa fonction d’ancien chef d’Etat. Puisqu’il l’a ouvertement qualifié de « mentalement instable et qu’il est impératif de l’écarter du pouvoir et le traduire en justice. » Seule manière à ses yeux « d’éviter au pays un naufrage ».
Et ce n’est pas tout. Pour lui, « Kaïs Saïed est un déséquilibré mental qui conduit le foyer du Printemps arabe vers le précipice ». C’est ce qu’il vient d’affirmer sans rire, dans un entretien accordé au site Arabic Post.
N’a-t-il pas peur de subir les foudres du locataire du palais de Carthage? Et ce, suite aux poursuites engagées à son égard pour trahison et atteinte à la sûreté nationale? Que nenni. « Ce n’est pas la première fois que cela arrive, j’ai déjà été jugé à l’époque de feu le président Habib Bourguiba. Et j’ai également été jugé à l’époque de Zine El Abidine Ben Ali qui a été écarté du pouvoir par les révolutions du Printemps arabe ». Ainsi rappelait-il, non sans fierté.
Marzouki : « Un opposant, pas un traître »
« Je suis un opposant politique et non un traître. Et je peux même adresser une lettre de remerciement à Kaïs Saïed, car le soutien que j’ai reçu est inimaginable ». Ainsi, s’est-il auto-qualifié. En insistant sur le fait « qu’il n’a jamais appelé à l’ingérence, mais demandé à ce qu’on ne soutienne pas le dictateur Kaïs Saïed. Car le soutenir c’est combattre la démocratie ».
La main de Ryadh et d’Abou Dhabi
Et de crier à la main de l’étranger: « La Tunisie est devenue une cible depuis la révolution. Ainsi qu’une salle des opérations conduite par les Emirats arabes unis. Lesquels ont pu liquider le Printemps arabe un peu partout ».
Selon l’analyse de M. Marzouki, « Abou Dhabi, ennemi juré de l’islam politique et de la démocratie, utilise perfidement Kaïs Saïed pour tourner définitivement la page du Printemps arabe. Mais se prépare en douce à passer à la phase post-Saïed ».
Toujours selon la « brillante analyse » de l’ex-président provisoire, deux mois après les évènements du 25 juillet, Ryadh et Abu Dhabi se sont retractés sur leur soutien financier à la Tunisie. Car leur « poulain » ne s’est pas montré digne de leur confiance puisqu’il n’a pas su réprimer les islamistes, à l’instar de Sissi. « Kaïs Saïed est incapable aujourd’hui de diriger la Tunisie. Ayant monté les uns contre les autres, trahi ses engagements, violé l’esprit de la Constitution et plongé le pays dans une crise socio-économique sans précédent ».
Que faire dans ce cas? « Ici je parle en tant que médecin », souligne Moncef Marzouki avec suffisance. Lui qui ne rate aucune occasion pour rappeler sa qualité de praticien. « Kaïs Saied est un autiste qui n’est sensible à aucune pression. Ni la pression américaine, ni celle européenne ne le feront reculer. La solution aujourd’hui est de sortir dans la rue afin de le déloger du palais de Carthage ».
Allégeance
Et c’est en concluant son entretien avec le site Arabic Post que Moncef Marzouki dévoile le fond de sa pensée. « En dépit de mon désaccord avec Ennahdha, je suis prêt à accepter un gouvernement 100% nahdhaoui. A condition qu’il apporte de réelles forces politiques capables de remplir leur rôle législatif au sein du parlement. Et qui chercheraient à sauver la Tunisie de la situation dans laquelle elle est présentement plongée ».
Marzouki en désaccord avec le parti des Frères musulmans? Le masque est enfin tombé.