Une économie en permanence sous stress hydrique, une économie encaissant de plein fouet la flambée du prix du baril sur le marché mondial, ne peut pas se permettre le luxe de retarder son insertion dans la transition environnementale, d’autant plus que la crise de la Covid-19 a dévoilé sa fragilité.
La crise pandémique a débarqué, en Tunisie, au mauvais moment : un blocage dans les réformes, un espace budgétaire quasi inexistant, un assèchement de la liquidité en dinars et en devises, une situation d’insoutenabilité de la dette…
« La perte de résilience face aux chocs conjoncturels et systémiques est totale. »
Face à la montée des risques de catastrophes climatiques, le verdissement de l’économie via la politique budgétaire s’impose comme une urgence. Toutefois, un certain nombre de préalables doivent être réunis :
- Sortir de la «dictature de l’immédiat» en évitant d’être scotché au bouclage de l’équilibre de l’exercice budgétaire pour renouer avec la planification stratégique ;
- oser taxer les énergies fossiles et affronter avec la plus grande fermeté toutes les forces de blocages (rentiers patronaux et syndicaux) ;
- multiplier les incitations budgétaires pour la production de l’énergie renouvelable, l’habitat écologique, la conservation des eaux pluviales, l’agriculture économe en eau ;
- mettre les subventions aux combustibles fossiles (pétrole et gaz) sur un trend baissier pour améliorer la compétitivité des énergies renouvelables, et décourager ainsi la consommation des énergies fossiles;
- améliorer la profondeur du marché obligataire pour encourager les émissions de green bonds (obligations vertes) pour financer une relance verte ;
- Implémenter la culture de la redevabilité à l’égard du verdissement budgétaire via des consultations impliquant la société civile dans le cadre de missions d’éco-audits sur la base des documents budgétaires, et de suivi et d’évaluation des engagements de verdissement recensés dans le cadre de la loi de finances.
« Le verdissement de l’économie via la politique budgétaire s’impose comme une urgence »
L’heure est au verdissement de la politique budgétaire, pour réussir la transition écologique et énergétique. Il en va de la qualité de vie des citoyens d’aujourd’hui et de la survie des générations futures.
Avec des discussions budgétaires portant sur le changement climatique qui ne dépassent pas le cadre du ministère de l’Environnement, et une priorisation de l’investissement dans le renouvelable guidée uniquement par la conditionnalité des bailleurs de fonds étrangers, il sera difficile d’éviter la tragédie.
L’inaction et la lenteur sont synonymes d’aveuglement face au désastre !