Lors d’un long entretien qu’il vient d’accorder à une radio locale, Fadhel Abdelkefi pose un diagnostic précis de la situation politique et socio-économique de notre pays. Tout en avançant des solutions pragmatiques et réalistes. Dans le souci de se positionner sur l’échiquier politique dans la perspective d’éventuelles élections législatives anticipées?
« En cas de tenue d’élections législatives anticipées, les électeurs se retrouveront face à trois choix: L’islam politique, la nostalgie de l’ancien régime ou le populisme ». Ainsi, Fadhel Abdelkefi résumait avec pertinence et lucidité l’horizon politique obstrué par un état d’exception dont on ne voit pas le bout du tunnel. Mais, ajoute-t-il, « Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour offrir à nos concitoyens une quatrième option ».
Fadhel Abdelkefi : « J’ai mal pour la Tunisie »
Pourtant, l’ancien ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale en 2016 et également ministre des Finances par intérim en 2017 et actuel président d’Afek Tounes, ne cache pas son pessimisme. Et ce, face à la détérioration de la situation politique et socio-économique en Tunisie.
« J’ai mal pour la Tunisie. La situation du pays me plonge dans une profonde tristesse. Comme le dit le dicton: même les ennemis ne se comportent pas de cette façon entre eux! La Tunisie est l’un des rares pays arabes ayant opté pour un système démocratique. Nous devons préserver la démocratie, tout en garantissant l’avenir des générations futures ». Ainsi, s’écriait-il, lundi 29 novembre, sur les ondes de Mosaïque FM.
Pour des réformes concrètes et efficaces
Qui en est responsable? Les politiciens dont l’unique objectif est de se hisser au pouvoir, sans pour autant porter de vrais projets politiques. « Afek Tounes a élaboré un projet économique et social pour le pays. Nous sommes en pleine consultation avec des experts à travers notre laboratoire socio-économique ». C’est aussi ce qu’il soutenait, en soulignant la nécessité d’adopter une approche réaliste. Avant de conclure: « Les réformes socio-économiques doivent être concrètes et efficaces ».
De même, Fadhel Abdelkefi met en garde contre une éventuelle possible crise économique majeure dans le futur proche. Et ce, si « la trajectoire n’était pas corrigée ». Pourtant, assure-t-il, des solutions pour sortir du gouffre et relancer une économie moribonde existent. Sauf que la lourdeur administrative et la mentalité bureaucratique tuent dans l’œuf tout espoir de réformes en profondeur. « La balle est dans le camp de la cheffe du gouvernement, Najla Bouden. A elle de prendre ses responsabilités ».
Certes, M. Abdelkefi. Mais, a-t-elle les mains libres pour procéder à des « réformes en profondeur »? Notamment celles préconisées par les bailleurs de fonds, dont le coût social est si douloureux?
Et d’ajouter non sans amertume: « Nous ne savons rien sur la vision d’avenir de Madame Bouden. Nous ne connaissons pas ses collaborateurs. D’ailleurs, il n’y a aucun contact avec elle. Nous ignorons totalement ce qu’elle a l’intention de faire. »
Priorités
Par ailleurs, l’ancien ministre prend comme exemple les attentes de la population en projets de développement. Lesquels se chiffrent à 70 mille milliards; alors que l’État ne dispose que de six ou sept. « L’Etat doit procéder à une classification des priorités et se pencher en priorité sur la pauvreté. Par la suite, il doit trouver des solutions au taux de chômage ».
Des alliances… mais avec qui?
Enfin, que préconise Afek Tounes pour sortir la tête de l’eau? « Prenons l’exemple de l’Allemagne post Merckel. Des partis politiques de différentes sensibilités politiques sont parvenus à élaborer un programme applicable. Eux, ne vendent pas du rêve ou parlent d’un projet politique incompréhensible.
Afek Tounes peut être un parti regroupant les Tunisiens de différentes orientations. En obtenant la majorité, nous pourrions former une alliance avec les Destouriens et l’ensemble des forces démocratiques progressistes… Le plus important c’est de s’accorder sur un programme clair et applicable », préconise-t-il.
S’agit-il d’une feuille de route concoctée par le parti de Fadhel Abdelkefi pour se positionner sur l’échiquier politique en vue des prochaines élections législatives anticipées?