Selon le rapport « Perspectives économiques » de l’OCDE publié le 1er décembre, le PIB de la Tunisie devrait croître à un rythme annuel d’environ 3%. Et ce, jusqu’en 2023.
La reprise économique chez les principaux partenaires commerciaux de la Tunisie stimulera les exportations de marchandises. L’activité touristique rebondira à mesure que la vaccination se généralisera à l’échelle nationale. Selon l’OCDE, une amélioration de l’efficience des dépenses publiques permettrait de dégager des marges de manœuvre budgétaires.
Cela passerait, selon l’OCDE, notamment par une réforme de l’emploi public et des entreprises publiques, un retrait graduel des subventions régressives à l’énergie, une réduction des exonérations fiscales et une amélioration du recouvrement de l’impôt.
L’allègement des charges administratives et la réduction des obstacles aux échanges rencontrés par les entreprises nationales renforceraient la concurrence et l’innovation. Ils dynamiseraient l’investissement et la création d’emplois formels.
En effet, il est essentiel d’améliorer la qualité de l’enseignement et de la formation pour réduire l’inadéquation entre l’offre et la demande de compétences et pour rehausser la productivité.
La reprise sera lente
L’amélioration de la couverture vaccinale et la levée progressive des mesures d’endiguement continueront de soutenir l’activité dans les secteurs de services à forte intensité de main-d’œuvre.
Cependant, l’augmentation du nombre de faillites d’entreprises, parallèlement à la suppression progressive des aides liées à la pandémie, va maintenir le chômage à un niveau élevé, pesant de ce fait sur le revenu des ménages et freinant la consommation privée.
« Des réformes structurelles fondamentales devraient toutefois progresser quelque peu grâce à la reprise du dialogue avec les partenaires sociaux. La confiance des investisseurs devrait se redresser peu à peu en 2022 », estime l’OCDE dans son récent rapport.
L’amélioration de la situation sanitaire chez les principaux partenaires commerciaux de la Tunisie stimulera aussi les exportations de marchandises. Le rebond des arrivées de touristes dynamisera les exportations de services.
Compte tenu d’une demande intérieure en demi-teinte et d’un chômage élevé, les tensions inflationnistes resteront contenues. Elles s’exacerberont progressivement en 2022. Et ce, sous l’effet du niveau élevé des prix des matières premières et de la réduction des subventions à l’énergie.
Les tensions politiques et les troubles sociaux menacent sérieusement la reprise
Compte tenu des besoins de financement publics, estimés à quelque 8% du PIB en 2021, un plan à moyen terme crédible de réduction du déficit budgétaire ainsi que des progrès dans le domaine des réformes structurelles sont d’une importance fondamentale pour rétablir la confiance des investisseurs et permettre aux bailleurs de fonds multilatéraux d’aider le pays à refinancer une dette publique élevée.
Une hausse des taux d’intérêt plus rapide que prévue dans les pays avancés pourrait réduire les entrées de capitaux et entraîner une dépréciation de la monnaie. Ce qui accentue le risque d’un défaut de remboursement de la dette souveraine et d’une crise financière.
En effet, la dette en devises du secteur public comme du secteur privé est importante. Le ratio de prêts non performants était déjà élevé avant la pandémie. Les effets de rétroaction entre le secteur public et les banques sont forts, une part non négligeable de la dette publique, y compris celle des entreprises publiques, étant détenue par des banques tunisiennes.
Le renchérissement des matières premières à l’échelle mondiale risque de faire augmenter l’inflation, le déficit des paiements courants et le déficit budgétaire. Etant donné que la Tunisie est un importateur net de produits pétroliers et que les subventions énergétiques demeurent importantes.
Par ailleurs, la poursuite du financement monétaire du déficit budgétaire accentuerait encore les tensions sur l’inflation. Elle entamerait la crédibilité de la Banque centrale. Les négociations salariales centralisées pour les années 2020 et 2021 sont susceptibles d’accroître les tensions inflationnistes.
La persistance de goulets d’étranglement au niveau des chaînes d’approvisionnement sur les principaux marchés d’exportation de la Tunisie affaiblirait la demande d’exportations de marchandises.
En revanche, un rebond plus rapide des arrivées de touristes étrangers et un redressement accéléré de l’économie libyenne stimuleraient les exportations de biens et de services.
Les réformes structurelles sont la clé de la stabilité macroéconomique
Selon l’OCDE, pour réduire les déséquilibres macroéconomiques et les risques connexes, il est crucial que le dialogue national aboutisse à des réformes structurelles. Toute amélioration de l’efficience des dépenses publiques devrait passer par une réforme de l’emploi public et des entreprises publiques. Et par un redéploiement des ressources vers des investissements qui auraient dû avoir lieu depuis longtemps dans l’éducation, la santé et les infrastructures.
Les subventions énergétiques régressives et inefficaces devraient être remplacées, au moyen d’outils numériques, par des aides au revenu ciblées sur les ménages vulnérables; une fois que la reprise économique sera fermement engagée.
Une réduction des exonérations d’impôts, une amélioration de la discipline fiscale et la mise en place d’une fiscalité sur la propriété immobilière pourraient permettre d’accroître les recettes fiscales et d’améliorer l’équité du système d’imposition.
Enfin, l’allègement de certaines charges administratives, le renforcement de l’application du droit de la concurrence, la réduction des obstacles aux échanges et une amélioration des infrastructures portuaires dynamiseraient l’investissement et la création d’emplois formels.
En effet, il est essentiel d’améliorer la qualité de l’enseignement et de la formation professionnelle. Notamment en renforçant la coopération avec le secteur privé. Et ce, pour réduire l’inadéquation entre l’offre et la demande de compétences et rehausser la productivité et les exportations.