La Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis (BVMT) annonce les résultats de l’enquête sur l’état des lieux des pratiques et du reporting ESG auprès des entreprises cotées à la Bourse de Tunis. Et ce, aujourd’hui, 2 décembre 2021. Lors d’un événement dédié à la présentation du nouveau Guide de reporting ESG (Environnemental, Social et de Gouvernance). L’événement portait, entre autres, sur la Responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE).
Hanen Ben Ayed, formatrice- consultante en RSE et développement durable, chef de l’élaboration du guide pour le compte de la Bourse de Tunis a présenté les résultats de l’enquête.
En effet, l’enquête, qui prend comme échantillon 42 entreprises cotées à la Bourse de Tunis. Elle se déroulait d’octobre à juin 2020. Et elle se matérialisait à travers un questionnaire composé de 12 questions. 90% des entretiens se déroulaient lieu en face à face.
Les réponses des chefs d’entreprises font ressortir qu’une poignée d’entreprises (19%) se mobilisent réellement en matière de la RSE. Ainsi, le niveau d’engagement des entreprises cotées est très disparate. Alors que 31% déclarent ne pas encore avoir identifié les enjeux RSE liés à leurs activités; 40% des entreprises ont déjà mis en place des actions RSE.
Par ailleurs, l’étude montre bel et bien que les démarches RSE sont très peu structurées. En effet, 14% des entreprises du panel affirment avoir un service RSE dédié. Pour 86% des entreprises interrogées la fonction RSE est associée à plusieurs autres casquettes. Telles que le marketing, les RH, la qualité, la conformité, l’environnement, la communication et la direction générale.
Que déduire de tous ces chiffres alors?
De plus, seule une entreprise sur cinq (21%) de l’échantillon a développé des indicateurs de mesure de son engagement. Et plus de la moitié des entreprises du panel estiment mener des actions relevant de la RSE. Cependant, force est de constater que le rattachement des actions RSE à un service particulier n’était pas évident pour les entreprises sondées.
L’étude affirme également qu’une entreprise sur trois ne connait aucun référentiel de la RSE. En outre, la norme ISO 26000 est le référentiel le plus connu pour la majorité des entreprises soumises à l’enquête (60%). Un autre élément surprenant: le GRI et les ODD ne sont pas connus par la majorité des entreprises. Effectivement, seule une entreprise sur cinq a entendu parler des ODD. D’ailleurs, très peu d’entreprises ont une connaissance fine d’un référentiel en particulier. La plupart des répondants évoquent avoir entendu parler de tel ou tel référentiel.
Toujours dans la perspective des connaissances des entreprises de l’univers de la RSE, l’étude révèle qu’une entreprise sur deux ne connait aucune des stratégies nationales liées à la RSE ou au développement durable. Alors que la stratégie nationale de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption est celle qui est connue par le plus grand nombre des entreprises sondées (40%). D’ailleurs, 70% des entreprises sondées ne connaissent pas la stratégie nationale de la RSE.
L’intervenante affirme que les démarches entreprises sont très peu structurées et manquent de coordination, ainsi que de formalisme. La méconnaissance des référentiels de la RSE est une explication plausible de ce constat.
Et si on évoquait le volet environnemental?
L’optimisation de la consommation des ressources est l’aspect le plus développé par ces entreprises. La réduction des coûts associée à une telle optimisation est une explication plausible à l’intérêt accordé par les entreprises à cet aspect.
L’impact de l’activité de l’entreprise sur le changement climatique et sur la biodiversité n’est pas pris en compte par la plupart des entreprises sondées. De même 80% des entreprises de l’enquête considèrent la préparation d’un bilan GES comme une pratique peu importante. 68% des entreprises ne considèrent pas qu’il leur incombe de sensibiliser leur clients quant aux aspects environnementaux de leurs produits et leur services.
Engouement pour le volet social
En effet, l’importance accordée par les entreprises au volet social est indéniable. Il y a au moins 80% des entreprises qui considèrent que cet aspect est important voire très important. De même pour le volet sociétal. Les entreprise accordent de l’importance au volet sociétal; et ce, notamment quant aux actions de mécénat et de sponsoring. A ce propos, les réponses expliquent que les actions engagées par les entreprises dans le domaine sociétal ne s’inscrivent pas dans une vision stratégique. Ainsi, elles ne sont pas liée aux enjeux de l’entreprise. Les différents répondants évoquent des actions sporadiques liées à des circonstances particulières (ramadan, crise covid, rentrées scolaire). Les aspects qui s’inscrivent dans le cadre plus général des ODDs sont donc moins présents au niveau des pratiques des entreprises.
Gouvernance, quand dire ne rime pas avec faire
L’intervenante affirme que malgré le fait que les entreprises reconnaissent l’importance de la gouvernance, il y a un décalage entre dire et faire. Car :
- Seules 35% d’entres elles se sont dotées de dispositif de lutte contre la corruption;
- Seules 26% ont un code de bonne conduite;
- Moins d’une entreprise sur deux s’est dotée d’une charte éthique;
- Seules 21% des entreprises ont un service après vente;
- Seules 12% des entreprises du panel ont une charte d’achat responsable.
Reporting de la RSE
Il semble que le reporting des activités RSE ne soit pas encore devenu une pratique courante pour les entreprises cotées en bourse. D’ailleurs:
- Seules 30% des entreprises (12 entreprises) ont des pratiques de reporting en matière de RSE;
- Tandis que 10% des entreprises du panel envisagent de publier des informations RSE dans les années à venir;
- Dans l’élaboration de leur reporting extra-financier, 40% des entreprise du panel se référent à la norme ISO 26000.
En ce qui concerne, le format du reporting, seule cinq entreprises de l’échantillon publient leur information extra-financière dans un rapport RSE; voire dans un chapitre du rapport annuel. Les autres recourent à d’autres moyens (médias, internet). 60% font un reporting annuel. Alors que 20% du reporting sont semestriels et 20% occasionnels.
40% des entreprises qui font du reporting RSE, voire qui envisagent de le faire dans les années à venir, appartiennent au secteur « finance et assurance ». Le secteur agroalimentaire et celui de chimie semblent suivre les pas du secteur financier. De ce fait, il est clair qu’une minorité d’entreprises fait du reporting RSE. Force est donc de constater que le secteur financier semble être le plus avancé en la matière avec les secteurs de l’agroalimentaire et celui de la chimie.