Dans la conjoncture de balbutiement de l’après 25 juillet, l’incendie du siège de Nahdha, le 9 décembre, a surpris et inquiété la classe politique. Des analystes ont hâtivement affirmé qu’il était de même nature que l’incendie du Reichstag, cet incendie criminel qui ravagea le palais du Reichstag, siège du Parlement allemand à Berlin, dans la nuit du 27 au 28 février 1933.
Fut-il l’œuvre du parti nazi ou de ses adversaires, Hitler l’exploita pour opérer une opération de purification, pour suspendre les libertés civiles et politiques et organiser une campagne de répression dirigée contre les communistes allemands et d’autres opposants de gauche. Aucune comparaison entre l’événement allemand et celui de Tunis.
L’incendie du siège de Nahdha fut une opération interne, sans implication de leurs adversaires. Certains affirmèrent qu’elle serait l’œuvre d’un membre de Nahdha, emprisonné pour sa participation à l’assassinat d’un gardien de la cellule du néo-destour en 1991, libéré par la suite et employé comme gardien du siège de Montplaisir. Dans le discours de victimisation de Nahdha, par ses adversaires, l’un de ses dirigeants attribue l’opération à l’environnement qui lui était hostile et considère l’auteur – ou la victime ! – de l’incendie de martyr, par une qualification gratuite et non justifiée.
Dénoncée par l’opinion publique, objet d’attaque de la présidence, craignant une dissolution, remise en cause par nombreux de ses dirigeants, Ennahdha vit une conjoncture de « sauve qui peut». Le renvoi de son gardien s’expliquerait par un souci de prendre ses distances de son ancien militant. Fait nouveau, l’incendie de son siège est un acte d’auto-terrorisme, radicalisant le processus terroriste, qui affecte le pays.