Le discours de Kaïs Saïed s’inscrit dans la démarche des mesures prises depuis le 22 septembre. C’est ce qu’ affirme l’historien et directeur du Centre d’études stratégiques sur le Maghreb, Adnen Manser.
Pour Adnen Manser, Kaïs Saïed ne manque pas d’accaparer encore tous les pouvoirs. « Ce que j’ai remarqué dans le discours, c’est qu’il s’agit d’une certaine réponse aux pressions des bailleurs de fonds. Surtout que les autorités financières parlent de reprise des négociations avec le FMI. Les Etats influents pour le FMI exigent l’élaboration d’une feuille de route », étaye-t-il.
Ainsi, le président de la République a élaboré une feuille de route formelle. Pour Manser, cette annonce faite par le président de la République n’est pas en mesure de baisser la tension. « C’est une fuite en avant et une forme pour s’accaparer la décision et la représentation de la volonté populaire. Ce comportement ignore toutes les idées existant sur la scène », soutient-il.
Pour Adnen Manser, toute personne qui a pu bénéficier de tous les pouvoirs n’a jamais prêté l’oreille à ceux qui lui reprochent d’accaparer tous ces pouvoirs. « C’est un comportement humain et naturel », fait-il remarquer. Dans le même contexte, l’intervenant rappelle que la démocratie se base sur l’équilibre des forces et traduit l’équilibre entre les institutions de l’Etat. « Nous sommes en présence d’une personne et pas d’une institution qui considère pouvoir représenter toutes les institutions et tous les pouvoirs », dit-il encore.
Au niveau historique, Adnen Manser affirme que cette crise est périodique dans l’histoire de la Tunisie. Il rappelle que la Constitution de 1861 a été le fruit d’un mouvement de réforme ; plus tard, Mohamed Sadok Bey a renoncé à cette Constitution et jeté les bases d’une monarchie. Pour l’historien, la Tunisie vit périodiquement cette situation entre réforme et émancipation d’une part. Et retour en arrière d’autre part.