Trois partis politiques de la famille social-démocrate se mobilisent et organisent la 1ère conférence nationale des partis politiques sociaux-démocrates, aujourd’hui 14 décembre. Il s’agit du Courant démocrate, d’Al Joumhouri et d’Ettakatol. Sur le thème « De la crise à la solution », la conférence tend à concevoir des solutions à la crise politique actuelle.
La veille de l’événement, c’est le président de la République Kaïs Saïed qui, contre toute attente, a annoncé une feuille de route pour sortir de la crise, ce qui a contribué encore plus à l’alimentation du débat, lors de la conférence qui dissèque les manifestations de la crise économique, sociale, politique et constitutionnelle. Malgré les divergences entre les organisateurs, leur objectif principal est le même : le retour au « processus démocratique » et barrer la route à la dictature. Trois partis qui ne manquent pas d’adresser des critiques au président de la République et à sa démarche.
Khalil Zaouia : la feuille de route de Kaïs Saïed a toutes les chances d’échouer
Le président du parti Ettakatol, Khalil Zaouia, affirme que la situation politique en Tunisie est en crise à cause de la paralysie des institutions. « Nous avons un gouvernement sans secrétaire général de gouvernement et une « cheffe de gouvernement » sans chef de cabinet ».
Il tient pour responsable de cette situation le président de la République : l’asphyxie de l’économie, l’absence de feuille de route économique, crise politique. Pour lui, la crise n’est pas constitutionnelle. Elle est politique. Répondant à notre question sur le calendrier annoncé par le président de la République, hier 13 décembre, Khalil Zaouia a affirme que la feuille de route doit être élaborée dans une perspective participative et non unilatérale.
« Dans son discours, le président de la République a critiqué toutes les parties : partis politiques, organisations nationales, associations. Ce discours n’est pas en mesure de serrer les rangs du peuple ». Pour lui, une feuille de route rédigée dans un esprit unilatéral a toutes les chances d’échouer. Il affirme que le président de la République a oublié de revenir sur la situation économique
Nabil Hajji : Kaïs Saïed tient à être le propriétaire de l’Etat tunisien et pas son président
C’est ce que déclare le député gelé Nabil Hajji. Il rappelle que le président de la République agit de la sorte dans un contexte où la situation économique et politique est critique. A cela s’ajoute le fait que « le président de la République ne se soucie pas de la situation économique ». « Depuis l’époque beylicale, la Tunisie n’a pas vécu une telle situation », lance-t-il.
Commentant le discours du chef de l’Etat, il avance que « le président de la République n’a pas le courage nécessaire pour dissoudre l’Assemblée des représentants du peuple. Car dissoudre un parlement élu est une forme de coup d’Etat pour les parties étrangères, et les organisations nationales, également, ne manqueront pas de répondre à l’acte de dissolution ». Revenant sur le projet de loi relatif à la réconciliation pénale, l’intervenant affirme qu’il faut d’abord prouver la corruption à travers la justice, et de s’interroger si la somme récoltée pourrait faire du développement dans les régions défavorisées. Dans la même perspective, il rappelle qu’à J-16 de 2022, la Tunisie ne dispose pas encore de son projet de loi de finances 2022.
Issam Chebbi : « Le président de la République détruit toutes les bases de l’Etat civil »
Pour Issam Chebbi, il ne s’agit pas de la première fois où le président de la République pulvérise les bases de l’Etat démocratique et civil, surtout que les Tunisiens ont choisi cet Etat malgré les problèmes et les entraves. Pour lui, le chemin emprunté par Kaïs Saïed ne mène nulle part. « C’est une fuite en avant », regrette-t-il. Issam Chebbi affirme que les trois partis politiques refusent catégoriquement les agissements du président. Pour cette raison, ils vont se mobiliser avec tous les moyens juridiques et pacifiques pour s’y opposer. « Nous appelons tous les Tunisiens à la mobilisation », dit-il.