Après une longue période d’amélioration entre 2000 et 2013, la faim s’est considérablement aggravée sur le continent africain et la majeure partie de cette détérioration s’est produite entre 2019 et 2020, ont alerté mardi des chefs de trois organismes régionaux des Nations unies et de l’Union africaine (UA). Ils appellent à œuvrer davantage à la transformation des systèmes agroalimentaires. Et ce, face à l’aggravation de la faim et de la malnutrition en Afrique.
En effet, ce nouveau rapport interactif montre que la crise alimentaire s’est amplifiée en Afrique. En 2020, plus de 281 millions d’Africains étaient sous-alimentés. Soit 46 millions de plus qu’en 2019 et même 89 millions de plus qu’en 2014, précise le rapport. Le nombre de personnes souffrant de la faim en Afrique continue d’augmenter, en raison des conflits, du changement climatique et des ralentissements économiques, notamment ceux qui sont dus à la pandémie de Covid-19. Ainsi la faim gagne du terrain.
Outre les 346 millions d’Africains en situation d’insécurité alimentaire grave, 452 millions sont en situation d’insécurité alimentaire modérée. La prévalence de la sous-alimentation est plus élevée en Afrique centrale (31%) et en Afrique de l’Est (28%). Mais la détérioration ayant commencé en 2014 a été la plus rapide en Afrique de l’Ouest, où la prévalence de la sous-alimentation a augmenté de 7,1 points de pourcentage.
125 millions de personnes sous-alimentées vivent en Afrique de l’Est (44%)
Ce rapport numérique, publié par la Commission de l’Union africaine (CUA), la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), est la dernière version mise à jour de leur rapport annuel sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition en Afrique.
Les niveaux de la faim varient considérablement d’une sous-région à une autre. Sur le nombre total de sous-alimentés, 125 millions de personnes vivent en Afrique de l’Est (44%). Suivent l’Afrique de l’Ouest (75 millions ; 27%), l’Afrique centrale (57 millions ; 20%), l’Afrique du Nord (17 millions ; 6%) et l’Afrique australe (plus de 6 millions ; 2,4%).
Sur le continent, la faim s’est considérablement aggravée depuis 2013, indique le rapport, et la plus grande partie de cette détérioration s’est produite entre 2019 et 2020. L’ONU et l’UA estiment que la situation s’est encore détériorée cette année et que les principaux facteurs de la faim ne se sont pas estompés.
Le produit intérieur brut réel en Afrique a chuté de 2,1% en 2020
Au total, l’Afrique représente plus de la moitié de l’augmentation mondiale du nombre de personnes sous-alimentées sur la période 2014-2020. En outre, l’Afrique de l’Est et l’Afrique de l’Ouest représentent 83 % de la hausse du nombre de personnes sous-alimentées. Et ce, à l’échelle du continent entre 2014 et 2020.
Le produit intérieur brut réel en Afrique a chuté de 2,1% en 2020. Et ce, en raison principalement de la pandémie de Covid-19. De nombreux gouvernements ont rapidement élargi les mesures de protection sociale pour protéger les plus vulnérables.
Selon l’ONU et l’UA, la situation de la sécurité alimentaire est déterminée par un certain nombre de facteurs clés. Ils se chevauchent souvent. Les conflits, la variabilité et les extrêmes climatiques, ainsi que les ralentissements et les fléchissements économiques sont les principaux facteurs de l’insécurité alimentaire en Afrique.
L’ONU et l’UA exhortent les pays africains à transformer leurs systèmes agroalimentaires
En perturbant les activités économiques et les moyens d’existence, la pandémie de Covid-19 a entraîné un fléchissement économique spectaculaire en Afrique. Elle a contribué à l’aggravation de la situation de sécurité alimentaire.
Outre la faim, des millions d’Africains souffrent de carences généralisées en micronutriments. Tandis que le surpoids et l’obésité sont déjà des problèmes de santé publique importants dans de nombreux pays.
Face à ces chiffres préoccupants, les mesures à court terme que doivent prendre les pays pour lutter contre la faim consistent notamment à apporter une aide humanitaire. Et à adopter des mesures de protection sociale efficaces, indique le rapport.
À plus long terme, les pays devront investir dans l’agriculture et les secteurs connexes, ainsi que dans les services liés à l’eau, à la santé et à l’éducation. Les trois organismes à l’origine du rapport exhortent les pays africains à entendre leur appel à transformer les systèmes agroalimentaires.
Source : communiqué