La visite du président algérien Abdelmadjid Taboun confirme le partenariat géostratégique tuniso-algérien.
Les relations d’appartenance ont fait valoir l’unité de fait, spontanée et allant de soi, entre les peuples tunisien et algérien. Relevant de la « maghrébinité », elles s’illustraient dans la coexistence dans les pays de l’émigration, en France et au Moyen-Orient.
Elles s’affirmaient dans le cadre de l’histoire commune de la lutte pour l’indépendance, dans la solidarité du bureau du Maghreb du Caire et du déclenchement des résistances des pays d’Afrique du Nord fussent-elles décalées ! Mais l’entraide entre les mouvements nationalistes fut une évidence.
L’accueil du Front de libération national algérien en Tunisie, la concertation entre le pouvoir tunisien et le FLN puis l’épreuve de Sakiet Sidi Youssef constituèrent l’élément fondateur du partenariat géostratégique tuniso-algérien.
Des malentendus affectèrent, il est vrai, les relations, entre les gouvernements des deux pays nouvellement indépendants. L’historien ne peut les nier. Mais ils furent rapidement dissipés. Ils ne concernèrent guère, les deux peuples. La Tunisie renonça d’ailleurs à sa revendication territoriale. Le 6 janvier 1970, un protocole d’accord algéro-tunisien, fut signé entre les ministres des Affaires étrangères Abdelaziz Bouteflika et Habib Bourguiba Jr. Il porte sur le tracé définitif de la frontière méridionale entre les deux pays.
De grands espoirs
Fait important, conséquence de l’accord de fraternité signé le 6 janvier 1970, l’Algérie et la Tunisie organisent régulièrement la Grande commission mixte algéro-tunisienne, présidée par leurs chefs du gouvernement. Et ce, afin d’approfondir leurs relations bilatérales. Elle est instituée, bien entendu, en 1970. Elle marque les relations, en dépit d’incidents conjoncturels, telle la signature de l’accord d’unité de la Tunisie avec la Libye en 1974.
Le président Habib Bourguiba invita le président Houari Boumédiène à rejoindre le projet unitaire. Mais le chef algérien refusa ce fait accompli, contribuant ainsi à avorter l’union, que le chef du gouvernement Hédi Nouira refusait.
L’histoire immédiate atteste la genèse de ce partenariat géostratégique. Un comité de suivi de la Grande commission mixte fut institué en 1990. Il est présidé par le ministre tunisien chargé des affaires maghrébines et le secrétaire d’État algérien chargé des affaires maghrébines.
D’autre part, les deux pays sont liés par l’Accord commercial préférentiel (ACP) algéro-tunisien, signé à Tunis le 4 décembre 2008. Cet accord est entré en vigueur le 1er mars 2014. Un projet de zone de libre-échange frontalière est aussi à l’étude depuis 2015 pour le développement des régions frontalières. Néanmoins, les deux pays ne sont pas parvenus à instituer une complémentarité économique, élargissant leurs marchés et favorisant une politique d’investissement et d’échange.
La situation actuelle a rapproché les deux pays. Ils luttent de concert contre les groupes terroristes à leurs frontières communes. La Tunisie et l’Algérie font face à ce défi. Ils réalisent qu’ils ont un avenir commun. Dans ce contexte la visite du président Taboun en Tunisie nourrit de grands espoirs.