La transition démocratique ne sera jamais accomplie et réussie en Tunisie tant qu’elle n’aura pas assuré la mise en place de politiques publiques dans le secteur de l’information. Soit un dispositif fait de lois, de règlements, de décisions, d’institutions, de règles de conduite, de pratiques professionnelles, deprogrammes de formation,… qui s’inscrivent dans une vision globale qui intéresse nombre de volets : les aspects réglementaires, les aspects institutionnels, les mécanismes de fonctionnement, la régulation, la formation,… Des politiques publiques qui se doivent d’être conçues dans une approche participative.
La Tunisie a beaucoup tardé à mettre en place des politiques publiques dans le secteur de l’information. Il s’agit là du principal constat établi au cours de « La rencontre préparatoire du Congrès national sur les politiques publiques dans le secteur de l’information », organisée, le 20 décembre 2021, à Tunis, par le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT).
Des politiques publiques dans le secteur de l’information, pourquoi ? Parce que le secteur de l’information est un secteur vital de la scène publique et de la transition démocratique, répond le Président du SNJT, Mohamed Yassine Jelassi. Parce qu’un pays se doit d’avoir des politiques publiques concernant les médias comme il a des politiques publiques dans d’autres secteurs : santé, éducation, transport, environnement,…
Des politiques publiques dans le secteur de l’information, c’est-à-dire ?
Il s’agit d’un dispositif fait de lois, de règlements, de décisions, d’institutions, de règles de conduite, de pratiques professionnelles, de programmes de formation,…qui s’inscrivent dans une vision globale qui intéresse nombre de volets : les aspects réglementaires, les aspects institutionnels, les mécanismes de fonctionnement, la régulation, la formation,…
Des politiques publiques qui se doivent d’être conçues dans une approche participative et donc nécessitant le concours d’un large spectre d’acteurs sociétaux : l’Etat, les entreprises de presse, les professionnels des médias, les formateurs, la société civile,…
Nombre d’intervenants se sont arrêtés, ici, pour insister sur le fait que la tâche ne concerne pas, à ce propos, le seul gouvernement, mais toutes les structures de l’Etat. En fait une acception plus large que celle du pouvoir exécutif, qui a toujours cherché à dominer les médias.
La vigueur de l’Etat
Le comportement des gouvernements depuis 2011 n’a pas été bien différent de celui des gouvernements d’avant la révolution. Deux règles de conduite ont été celles des gouvernements depuis 2011. Ils ont cherché à asservir les médias et n’ont pas donné la preuve d’avoir une vision et un intérêt même pour la réforme des entreprises de presse, assure Aymen Zaghdoudi, juriste.
C’est que beaucoup de nos gouvernements n’ont pas de culture démocratique, témoigne Hichem Senoussi, membre de la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA).
Qui a recommandé des réformes pour assurer un bon fonctionnement de l’audiovisuel comme le Fonds de soutien à la qualité des contenus ou encore la mise en place d’une institution de la mesure d’audience. Il faut reconnaître aussi que l’instabilité qui a marqué les dix dernières années est pour quelque chose : la réforme a besoin de temps.
Auteur d’une étude sur la perception des politiques publiques dans le secteur de l’information par les acteurs de ce secteur, le professeur Sadok Hammami (Institut de Presse et des Sciences de l’Information), a mis en exergue le fait que les professionnels du secteur estiment que ce dernier vit une crise « profonde et globale ». Soulignant que la mise en place de ces politiques publiques sont synonymes, à leurs yeux, de la vigueur de l’Etat (et non du gouvernement) qui doit garantir un environnement propice et des moyens nécessaires pour l’exercice de la profession journalistique.