En apparence, le bras de fer oppose la Confédération africaine de football à la puissante Fifa sur fond de report de la 33e édition de la CAN 2022 pour cause de pandémie. En vérité, c’est une affaire de combines et de gros sous. Explications.
La 33e édition de la CAN 2022 sera-t-elle reportée pour la énième fois, voire carrément annulée ? Se dirige-t-on vers une confrontation frontale entre la CAF et la puissante Fifa ? Surtout, qui aura le dernier mot entre David et Goliath ?
En déplacement au Cameroun, Patrice Motsepe, le président sud-africain de l’organisme panafricain, a confirmé, mardi 21 décembre, que le tournoi continental, prévu du 9 janvier au 6 février 2022, se tiendra à la date prévue au Cameroun. Et ce, en dépit des rumeurs insistantes de report ou d’une annulation pour cause de pandémie.
Croire en l’Afrique
« Notre génération doit être celle qui croit en les Africains. Nous pouvons organiser une compétition de football aussi qualitative que celles organisées en Europe et ailleurs dans le monde. Nous devons croire en nous, nous devons cesser d’être négatifs et sceptiques sur nos propres capacités. Parfois, nous sommes excessivement critiques vis-à-vis de nous-mêmes. Si nous-mêmes n’avons pas confiance en les Africains, qui aura confiance en eux ? ». Ainsi s’exprimait le patron du football africain, lyrique.
« Le 9 janvier, je viendrai voir le match d’ouverture entre le Cameroun et le Burkina Faso », a-t-il promis après avoir rencontré le chef de l’État camerounais, Paul Biya.
Reconnaissant que le variant Omicron est un « énorme challenge », le président de la CAF a cependant assuré que « personne ne sera admis dans les stades sans un test PCR ». Un clin d’œil aux clubs européens qui appelaient à une annulation en raison du Covid, menaçant même de ne pas libérer leurs joueurs.
Les arguments de la Fifa
Des paroles en l’air de la part du responsable sud-africain ? Il est permis de le croire quand on constate que le président de la Fifa, Gianni Infantino, avait fait savoir depuis Doha, où il assistait à la Coupe arabe, qu’il était favorable à un report de cet évènement sportif.
Pourquoi tant d’hostilité à la tenue de la CAN en terre d’Afrique ? Le patron du football mondial argue, pêle-mêle, l’incertitude concernant les infrastructures camerounaises, la dégradation de la situation sanitaire, l’émergence du variant Omicron en Afrique australe.
Sans oublier, et c’est le cœur du problème, la réticence des clubs européens à libérer leurs joueurs en hiver : à savoir que des clubs, notamment anglais, avaient carrément menacé de ne pas envoyer leurs joueurs au Cameroun en raison des règles de quarantaine à leur retour. En effet, les joueurs africains appelés par leurs sélections devraient ainsi effectuer une quarantaine à leur retour au Royaume-Uni.
Ajoutons à cela le possible télescopage avec la Coupe du monde des clubs, la compétition organisée par la Fifa, qui doit avoir lieu du 3 au 12 février aux Émirats arabes unis. A titre d’exemple, Chelsea, champion d’Europe, et Al-Ahly, champion d’Afrique, craignent que certains joueurs, retenus par la CAN, ne soient pas disponibles pour la disputer.
Une affaire de gros sous
Disons pour conclure que le patron de la Fifa poursuit une idée fixe et obsessionnelle : inverser le calendrier avec une Coupe du monde tous les deux ans et une CAN tous les quatre ans. Question de gros sous, bien entendu. Car, que rapporte le tournoi africain comme dividendes à la Fifa par comparaison avec la Coupe du monde ou la Coupe du monde des clubs grassement parrainée par les monarchies du Golfe ? Voici le dessous des cartes !