De la rue Souk El Gaied au centre-ville, le « marasme » touristique est bien présent. Le coronavirus est passé par là. Les temps sont difficiles en ces fêtes de fin d’année à Sousse, la Perle du Sahel tunisien. Reportage.
Vendredi 24 décembre 2021. Sousse. La rue du Souk El Gaied est inondée par un soleil hivernal. La longue rue qui descend de la porte de Bab Al Gharbi à la petite porte du souk Erbaâé, souk consacré aux étoffes, est quasi vide. Une boutique sur deux de ce souk, jadis bien fréquenté par les touristes, que l’on distingue par ces multiples marches et quasi spécialisé dans la vente de souvenirs, est fermée.
« Que voulez-vous, le coronavirus est passé par là », témoigne un marchand, qui a installé sa chaise devant la porte de sa boutique. « Les touristes ont fui ces lieux. Seuls les consommateurs locaux le fréquentent aujourd’hui, lance-t-il en interpellant deux jeunes demoiselles qui cherchent un blouson en cuir.
Beaucoup plus bas, sur la place de la Grande mosquée, à l’entrée de la médina, deux Anglaises d’un certain âge, jeans et chaussures de sport, donnent des morceaux de salami à deux chats, du reste bien potelés. « Elles feraient mieux de m’acheter une babiole. Les touristes n’achètent quasiment plus rien », tempère Khélil S., qui tient une boutique de tapis et de descentes de lit.
Signe évident du « marasme » que vit son commerce. Il a décidé de le diviser en deux espaces différents. Il a gardé quelques mètres carrés pour sa boutique de tapis et il a construit, à côté, un nouvel espace pour vendre des gâteaux et du jus d’orange. En somme, une pâtisserie.
« Il y a seulement quelques années, on travaillait toute l’année. Ce que l’on gagnait surtout pendant les deux ou trois mois de l’été nous permettait de vivre aisément pendant toute l’année. Maintenant, on a beau ouvrir pendant douze mois, et du matin au soir. Cela nous permet tout juste de survivre pendant deux mois », raconte-t-il, derrière ses grosses lunettes.
« Malgré la grisaille »
Un employé vérifie, à l’entrée d’un grand hôtel du centre-ville, le pass vacinal des clients désireux de pénétrer à l’hôtel. Une fois la porte de l’hôtel dépassée, le visiteur ne rencontre que quelques clients.
Il est midi et quatre personnes seulement sont attablées dans une grande salle qui tient lieu de café. Dans un coin de celui-ci, une mascotte du Père Noël, un sapin largement décoré et quelques paquets cadeaux posés à même le sol.
« Je ne sais pas si l’hôtel a prévu quelque chose pour le repas de ce soir », insiste un des clients de l’hôtel, gérant d’une société de location de voitures. « Nous sommes à la veille du 25 décembre 2021, ne l’oubliez pas. La saint-Sylvestre« , rumine-t-il. Nulle part, du reste, la trace d’une affiche ou d’un écriteau qui rappelle un repas spécial.
A l’arrière de l’hôtel, quelques élèves profitent des vacances scolaires pour marcher au bord de l’eau. Quelques clients boivent calmement un thé sous le soleil dans un café situé en retrait face à la mer.
Et un enseignant d’une trentaine d’années, tout en sueur, short et tee-shirt, casque collé aux oreilles, profite des vacances pour faire un jogging à même le sable. « Il faut bouger, malgré la grisaille », dit-il.