L’archevêque anglican sud-africain, Desmond Tutu, l’un des derniers géants, tirait sa révérence le 26 décembre à l’âge de 90 ans. Un géant, car sa disparition provoquait une pluie d’hommages venus des quatre coins de la planète. Louant tout à la fois sa lutte contre l’apartheid et son dévouement à la cause de son peuple. Et ce, durant les années de braise de la discrimination raciale en Afrique du Sud.
Pour le président sud-africain Cyril Ramaphosa, la mort de Desmond Tutu est « un nouveau chapitre de deuil dans l’adieu de notre nation à une génération de Sud-Africains exceptionnels qui nous ont légué une Afrique du Sud libérée. »
De nombreux chefs d’Etat et de gouvernement ont également rendu un hommage appuyé à celui qui contribua grandement à l’éradication du régime hideux de l’apartheid. Le couple présidentiel américain, Joe et Jill Biden, est allé jusqu’à dire avoir « le cœur brisé ». Mettant en avant « le pouvoir du message de justice, d’égalité, de vérité et de réconciliation » porté par le défunt.
D’autres hauts responsables, du président français Emmanuel Macron, à la reine Elizabeth d’Angleterre, en passant par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres et le pape François, ont loué « les qualités de courage, d’intégrité et d’engagement dans le combat pour la fin de l’apartheid et pour la réconciliation nationale. »
Quand il devint président de l’Afrique du Sud en 1994, Nelson Mandela nomma l’archevêque Desmond Tutu à la tête de la « Commission vérité et réconciliation ». Avec pour mission d’enquêter sur les violations des droits humains pendant l’apartheid. En trois ans d’enquête, 30 000 personnes furent entendues.
La réussite de la Commission Vérité et Réconciliation
Tout au long des années d’enquête, l’archevêque Desmond Tutu ne cessa de prêcher le pardon et la réconciliation des Sud-Africains. Mission accomplie: les coupables furent amnistiés et les Sud-Africains s’engagèrent dans la construction politique, sociale et économique de l’après apartheid.
Alors, on ne peut pas ne pas poser ici la question de savoir pourquoi la Commission vérité et réconciliation a brillamment réussi en Afrique du Sud et lamentablement échoué en Tunisie. La réponse est simple. Les Sud-Africains eurent la chance d’avoir des géants de la trempe de Nelson Mandela et Desmond Tutu. Et les Tunisiens eurent la malchance d’avoir des minus de la taille de Rached Ghannouchi et Sihem Ben Sedrine.
Ainsi, les premiers étaient animés par l’esprit de tolérance, de pardon, de réconciliation, d’unification et de construction. Tandis que les seconds étaient aveuglés par la haine, le désir de vengeance, de division des Tunisiens et de destruction de l’Etat.
C’est dire l’importance des grands hommes dans les moments décisifs de l’histoire des nations. Et Desmond Tutu fut un grand homme. D’autant plus grand qu’en tant qu’homme de religion, il prêchait la tolérance, la réconciliation, l’unité, la non-violence, la mansuétude, la bienveillance. Tout le contraire de ce que prêchaient chez nous, dix ans durant, les marchands de religion…