Nouvelle polémique en Tunisie. Le défunt président de la République Béji Caïd Essebsi, nonagénaire, est-il décédé de mort naturelle ou par empoisonnement? Laissons les morts enterrer leurs morts. En attendant la justice du ciel, celle des hommes tranchera.
Faut-il prêter l’oreille aux rumeurs les plus folles qui se sont propagées comme une trainée de poudre? Et ce, au lendemain de l’enterrement de l’ancien président de la République, feu Béji Caïd Essebsi?
« Nous avons le droit de connaître la vérité »
Oui, si on en croit son fils aîné, Hafedh Caïd Essebsi. Puisque celui-ci affirmait lors de son intervention téléphonique hier mercredi 29 décembre, dans l’émission Rendez-vous 9 sur Ettassia TV, qu’il détient un faisceau de présomptions lui permettant de présumer que son auguste père est mort empoisonné. « Mon père me disait à moi et à ma sœur qu’on lui avait mis une « bombe » dans le corps. D’ailleurs, à l’époque, même Ben Ali l’avait informé par un tiers que l’on cherchait à l’assassiner par empoisonnement ».
Ainsi, l’ancien dirigeant de Nidaa Tounes, actuellement en exil volontaire en France, qualifie de « positive » l’ouverture d’une enquête au sujet du décès de son père. « J’avais exprimé des doutes sur les circonstances suspectes du décès de mon père. Et ce, en dépit de l’encadrement et des efforts fournis par le personnel médical de l’hôpital militaire de Tunis ». C’est ce qu’il postait mercredi 29 décembre 2021, sur son profil FB.
Et d’ajouter: « Le peuple tunisien ainsi que ma famille ont le droit de connaître la vérité sur le décès du défunt président. Par ailleurs, nous ne devons pas oublier que l’ancien président avait refusé de promulguer le texte relatif à révision de la loi électorale. Et qu’il était subitement tombé malade trois mois avant les élections législatives et présidentielles ».
D’ailleurs, soulignait-il, « j’ai été contraint de quitter le territoire national eu égard à l’humiliation que j’avais subie. Sans parler des menaces que j’avais reçues afin d’étouffer la vérité sur la mort de mon père ». Est-ce la seule raison? Il est permis d’en douter.
Béji Caïd Essebsi mort par empoisonnement?
Notons également à ce propos que le sulfureux activiste religieux, cheikh Mohamed Hentati était l’invité de l’émission Al Ekhtiar sur Ettassia TV, il y a deux jours. Il y affirmait « détenir des preuves » que BCE était mort par empoisonnement et que Ennahdha était derrière ce « meurtre ».
Plus crédible était l’attitude de la députée de Nidaa Tounes, Fatma Mseddi. Laquelle appelait le 31 juillet 2019, lors de la séance plénière à l’ARP, à la publication du dossier médical du président de la République défunt. Béji Caïd Essebsi étant le premier président post-révolution élu démocratiquement.
« Les Tunisiens veulent savoir et en avoir le cœur net. Le président est-il mort d’une mort naturelle ou a-t-il été empoisonné? Pour ma part, je soupçonne un empoisonnement car, peu avant sa mort, le Président avait réclamé la vérité autour de l’appareil sécuritaire d’Ennahdha ». Ainsi, martelait l’élue du parti créé à l’époque par BCE.
La justice, enfin, saisie
Y a-t-il eu de nouveaux éléments versés au dossier? La ministre de la Justice, Leila Jaffal, a déposé une demande auprès du Procureur général pour ouvrir une information judiciaire sur le décès de Béji Caïd Essebsi. Et ce, conformément aux dispositions de l’article 23 du Code de procédure pénale.
Pour sa part, le Procureur général a autorisé le procureur de la République près le Tribunal de première instance de Tunis à ouvrir une enquête; selon les dispositions de l’article 31 du Code de procédure pénale.
Rappelons, enfin, que le défunt âgé de 92 ans, s’est éteint le matin du 25 juillet 2019. Soit le jour de la commémoration de la fête de la République Tunisienne. Et ce, à 10h 25 minutes, à l’hôpital militaire de Tunis, après y avoir été transféré quelques heures auparavant. Paix à son âme.