Quoi qu’on puisse dire, une lecture de l’histoire de la Tunisie montre bien que le dialogue avec l’UGTT est une nécessité impérieuse. C’est quelque part dans l’ADN de la Tunisie que la centrale syndicale soit un passage obligé pour assurer la paix sociale. Le FMI accepterait-t-il du reste que le gouvernement puisse négocier avec lui avant que ce dernier ne trouve préalablement un modus vivendi sur l’ensemble des questions inscrites à l’ordre du jour avec les partenaires sociaux?
A quoi peut-on s’attendre après la publication du communiqué de la Commission administrative de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), publié le 4 janvier 2022 ? Là encore, les avis peuvent diverger et ceux qui ont l’habitude de commenter l’actualité tunisienne peuvent soutenir qu’il n’y a pas vraiment quelque chose de bien grave. Car des divergences ont toujours existé entre les syndicats et les gouvernants.
Toujours est-il que, et si l’on se réfère au contenu du communiqué de la Commission administrative de la principale centrale syndicale du pays, les points sur lesquels il y a divergence sont nombreux. Personne ne peut contredire le fait que cinq points d’importance pourraient constituer à l’avenir des pierres d’achoppement. Et risquent de ce fait d’envenimer les relations entre les deux parties. En effet, il s’agit de: la consultation électronique entamée le 1er janvier 2022; le mode de préparation des négociations avec le Fonds Monétaire International (FMI); le budget de l’Etat pour l’année 2022; la circulaire n°20; et les négociations salariales dans la fonction publique.
Une nécessité impérieuse
Autant dire que les sujets de probables frictions sont nombreux. Il s’agit là de thématiques au sujet desquelles l’UGTT exprime une réelle opposition. Et ce, soit par des critiques, des demandes pressantes et carrément, quelquefois, des refus catégoriques. De quoi se demander que pourrait faire le gouvernement face à peut-être une crise qui n’est qu’à son début? Communication et dialogue, il n’y a pas d’autres voies.
Et force est de constater que le gouvernement n’a pas donné jusqu’ici la preuve tangible de son aptitude à emprunter ces deux voies, ô combien nécessaires. Et ce, pour faire accepter les décisions et les mesures qu’il veut entreprendre et dont certaines demandent des sacrifices au peuple tunisien.
Un dialogue et une communication qui ne pourraient donc qu’aider à éviter le pire. Puisqu’une lecture de l’histoire de la Tunisie montre bien que le dialogue avec l’UGTT est une nécessité impérieuse. C’est quelque part dans l’ADN de la Tunisie que la centrale syndicale soit un passage obligé pour assurer la paix sociale.
Une véritable plateforme de négociation
On se demande alors quand est-ce que le gouvernement franchira le pas? Et ce n’est pas une audience avec le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, du ministre des Affaires sociales, Malek Zahi, comme celle du 3 janvier 2022, qui pourrait faire avancer les choses. Il faudra aller plus loin en établissant une véritable plateforme de négociation.
Il est à se demander d’ailleurs si le FMI accepterait que le gouvernement puisse négocier avec lui. Et ce, avant que ce dernier ne trouve préalablement un modus vivendi sur l’ensemble des questions inscrites à l’ordre du jour avec les partenaires sociaux? Il semble qu’il l’a déjà indiqué.
Et le chef de la mission du FMI en Tunisie, Chris Geiregat, l’a formulé clairement, un certain 2 mars 2021. En assurant que le plan de réformes prôné par la Tunisie se doit d’être « accepté par la société tunisienne » et qu’il fasse l’objet d’ « un dialogue national ».