Se focalisant sur les conditions de l’assignation à domicile de l’ancien ministre de la Justice, Noureddine Bhiri. Et ce, à deux reprises, à un jour d’intervalle. Le président de la République participe à sa victimisation aux yeux du monde entier. Il fait ainsi a fortiori le jeu d’Ennahdha.
Le président de la République, Kaïs Saïed semble faire une fixation sur le vice-président d’Ennahdha et ancien ministre de la Justice, Noureddine Bhiri. Lequel, selon la version extravagante de son épouse Saïda Akrimi, qui en rajoutait une couche, aurait été enfermé au début de sa « séquestration » dans une ferme au milieu d’une foret. Là où il pouvait entendre « le hurlement des loups et le grognement des sangliers ».
Affabulations
N’a-t-elle pas également prétendu que le bâtonnier des avocats, Brahim Bouderbala avait été amené à cet endroit secret les « yeux bandés ». Ce que l’intéressé avait fermement démenti en qualifiant ce scénario de « ridicule ».
« On ne m’a pas bandé les yeux ni demandé de laisser ma voiture. J’avais toute la liberté de faire ce que je veux. Cela dit je ne saurais reconnaître les lieux dans la mesure où je m’y rendais pour la première fois. J’ai rencontré Noureddine Bhiri et je suis resté avec lui trente minutes pendant lesquelles il m’a parlé des circonstances de son placement en résidence surveillée. Comme vous le savez la résidence surveillée est ce qu’elle est. Même si on vous place dans un château, il a parlé d’arrestation violente et de confiscation d’un téléphone ». C’est ce qu’assurait maître Bouderbala, lors de son intervention mardi 4 janvier 2022 sur Shems FM.
Ainsi, Saïda Akrimi ajoute à l’imagination débordante le mensonge. Or, en évoquant à deux reprises les conditions de l’assignation à résidence du n°2 du parti islamiste Ennahdha, Kaïs Saïed ne participe-t-il pas à sa victimisation aux yeux de l’opinion publique; ainsi que de la presse étrangère, friande de ce genre d’histoires croustillantes? De toute évidence, le Président est tombé dans le piège savamment tendu par les stratèges ès-intox d’Ennahdha.
Graves accusations
Déjà, lors d’une réunion mercredi 5 janvier 2022 à Carthage, et en présence de la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, la ministre de la Justice Leila Jaffel, le ministre de la Défense nationale, Imed Memiche et le ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, le chef de l’Etat s’est référé à Noureddine Bhiri. Et ce, sans le citer comme d’habitude nommément. « Ils veulent se faire passer pour des victimes. Mais les Tunisiens connaissent parfaitement leur manière de gérer les choses. Toutes les précautions ont été prises pour ceux qui veulent observer une grève de la faim. Des dispositions ont été prises pour garantir l’accès aux médicaments et aux médecins. On lui a même proposé le transfert de l’hôpital de Bizerte à l’hôpital militaire afin qu’il soit assisté médicalement ».
Et d’ajouter: « Ce n’est pas parce qu’il avait occupé un haut poste ou détenait une grande fortune, qu’il bénéficiera d’un traitement de faveur. Et encore moins pour les relations qu’il entretient avec l’étranger et dont il sollicite l’intervention ».
Ainsi, il ressort de l’intervention du président de la République que l’ancien ministre de la Justice détient une « grande fortune ». Mais surtout qu’il sollicite l’intervention de l’étranger avec lequel il entretient des relations coupables. Nous ne sommes pas loin des accusations d’enrichissement illicite et d’intelligence avec les puissances étrangères!
Chacun est libre de faire une grève de la faim
Rebelote. Présidant hier jeudi le Conseil hebdomadaire des ministres, Kaïs Saïed est revenu, sans le nommer encore une fois sur le cas de Noureddine Bhiri, placée en résidence surveillée. « Celui qui fait la grève de la faim est libre de le faire. Nous lui avons pourtant fourni et mis à sa disposition tout ce qui est de nature à le préserver de se faire du mal ».
Puis, il poursuit: « Faut-il rappeler, pour ceux qui ont la mémoire courte, que celui qui fait actuellement la grève de la faim, a bénéficié en 1987 d’un non-lieu. Alors qu’il avait été celui qui avait signé le Pacte National édicté par l’ancien président Ben Ali en novembre 1988 et n’a jamais été poursuivi. Je ne parlerai pas des dépassements commis par nombre de personnes autour de lui, et qui en font actuellement une victime. S’il veut faire de lui-même une victime, il est libre de le faire. Libre aussi de manger ou de boire. Nous lui avons fourni le personnel médical nécessaire et plus. Nous avons permis aux membres de sa famille d’être à son chevet et lui avons aussi donné le choix de l’hôpital ».
Et de conclure glacial: « Je ne voudrais pas citer cette affaire en justice, d’un nombre de personnes décédées des suites de grève sauvage de la faim, du temps d’un ministre de la Justice censé être un ministre pour la Justice ».
Ces amis qui vous veulent du bien!
Rappelons enfin que les amis de Bhiri- « ceux qui ont amassé l’argent par milliards, à l’intérieur et à l’étranger, et puis ils montrent la piété », selon l’expression de Kaïs Saied- ne cessent de proclamer qu’il serait « entre la vie et la mort », après avoir entamé une grève sauvage de la faim.
C’est à croire que ces « amis » souhaitent en leur fort intérieur le décès du dirigeant nahdaoui. D’abord pour se présenter en victimes. Ensuite, pour faire taire à jamais la boite noire du parti islamiste. Du cynisme poussé à l’extrême.