« Rome et Tunis sont parvenues à un accord pour le retour d’environ 212 conteneurs de déchets italiens importés en Tunisie et déposés, depuis plus d’une année, au port de Sousse (centre-est de la Tunisie) ». C’est ce qu’a indiqué, vendredi, le ministre des Affaires étrangères, Othman Jerandi, lors d’une conférence de presse à l’occasion de la fin du mandat de la Tunisie en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, cité par des médias italiens et tunisiens.
Un communiqué conjoint des ministères des Affaires étrangères, celui de l’Environnement et de la partie italienne chargée du dossier des déchets, sera rendu public dans les prochaines heures, ont indiqué des sources proches du dossier en Tunisie.
Depuis mai 2020, 282 conteneurs de déchets ménagers collectés par la société italienne SRA ont été expédiés en Tunisie via la société tunisienne « Soreplast », sans le moindre respect des exigences des conventions internationales (Bâle, Bamako).
La convention de Bamako interdit l’exportation des déchets de ce type (Y 46) vers l’Afrique et celle de Bâle exige des normes de contrôle sur les mouvements transfrontières de déchets et leur élimination dans le respect des règlements européens.
Cette restitution, tant réclamée par la société civile tunisienne, sera ainsi exécutée. Et ce, après plus d’une année de l’entrée des premières cargaisons de déchets italiens en Tunisie et après presque une année de la fin des délais prévus (expirés le 20 janvier 2021), par l’article 8 de la convention de Bâle, pour leur réexportation vers le pays d’origine.
Pour rappel, la société civile tunisienne avait exprimé, à maintes reprises, avec raison, les risques de laisser ces ordures importées illicitement sur le territoire tunisien. En effet, le 29 décembre 2021, un incendie s’est déclaré dans l’entrepôt de la société tunisienne Soreplast, situé à Msaken (Sousse), qui contient les déchets italiens soumis au régime de contrôle douanier. Suite à quoi, une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances de l’incident.
Une affaire qui mobilise la société civile internationale !
Quarante-quatre groupes environnementaux tunisiens, italiens, européens et internationaux ont demandé au premier ministre (PM) italien, Mario Draghi, et au commissaire européen chargé de l’environnement, des affaires maritimes et de la pêche, Virginijus Sinkevičius, de cesser de retarder le rapatriement des ordures et d’ordonner le retour immédiat des déchets municipaux italiens expédiés illégalement, vers la Tunisie, l’année dernière.
Le Réseau Tunisie Verte, le réseau international GAIA (Global Alliance for Incinerator Alternatives), le réseau d’action de Bâle (Basel Action Network) et Zero Waste Europe n’ont pas cessé d’appeler les autorités italiennes et européennes à récupérer les conteneurs de déchets.
Ce scandale a, en effet, révélé la compromission de hauts fonctionnaires tunisiens dans cette affaire. Il a, par ailleurs, entraîné des mandats de dépôt contre le ministre des Affaires locales et de l’Environnement, deux directeurs de l’Agence nationale de gestion des déchets (Anged) et de l’Agence nationale de protection de l’environnement (ANPE) et un fonctionnaire de la direction régionale de l’Environnement à Sousse.
Le propriétaire de la société tunisienne importatrice de ces déchets, et qui aurait eu, vraisemblablement, l’intention d’enfouir ou de détruire les déchets importés, est toujours en fuite.
La destruction et l’enfouissement de déchets importés est un processus strictement interdit par la loi, surtout dans un pays qui souffre déjà d’une saturation de ses propres décharges et qui enfouit environ 95% des 2,8 millions de tonnes d’ordures solides qu’il produit chaque année.
Avec TAP