Un crime d’Etat? Mabrouk Korchid accuse l’ancien président de la République, Moncef Marzouki, ainsi que d’autre dirigeants de haut rang d’Ennahdha, d’être impliqués dans un « deal ». Lequel permettait de livrer l’ancien Premier ministre libyen, Baghdadi Mahmoudi, contre une importante somme d’argent.
Encore une boule puante dans l’enceinte de Montplaisir? L’ancien ministre des Domaines de l’État et des Affaires foncières, député indépendant démissionnaire et avocat de profession, Mabrouk Korchid, vient de jeter un pavé dans la mare visqueuse du parti islamiste. Et elle est relative à l’affaire Baghdadi Mahmoudi.
Ainsi, il affirme détenir « les preuves nécessaires » de l’implication de l’ancien président de la République, Moncef Marzouki. Mais aussi de Hamadi Jebali, Noureddine Bhiri, Saïd Ferjani, ainsi que deux avocats. Et ce, dans la retentissante affaire de l’ex- Premier ministre libyen, Baghdadi Mahmoudi. Lequel fut livré crapuleusement en juin 2012 aux milices libyennes, au temps du gouvernement de la Troïka.
Le deal de la honte
Dans un post publié hier lundi 11 janvier sur sa page Facebook, Mabrouk Korchid écrit que l’extradition de Baghdadi Mahmoudi fut exécutée dans le cadre d’un « deal » contre une somme d’argent.
« Le jour de son extradition, précisément le 24 juin 2012, une délégation spéciale s’est rendue à Tripoli pour toucher une somme d’argent. Et le cash a été acheminé dans la nuit du 25 juin 2012, via l’aéroport de Tunis-Carthage. Et ce, en présence de l’un des ministres régaliens », a affirmé le député démissionnaire.
Il a appelé par conséquent la justice tunisienne à « sauver l’image de la Tunisie, face une éventuelle condamnation internationale. Et à faire porter la responsabilité aux auteurs de ce crime pour que la responsabilité de Etat ne soit pas engagée ».
Une transaction de 100 millions de dollars
Il est à noter à ce propos que ces accusations ont été corroborées par Maître Mohammed Baccar. Il s’agit d’un membre du comité de défense de Baghdadi Mahmoudi.
En effet, dans une déclaration à notre confrère Kapitalis, le 8 janvier en cours, l’avocat précisait que l’ancien Premier ministre libyen qui avait trouvé refuge en Tunisie après la chute du régime Kadhaffi « a été livré à ses ennemis. Ce qui est contraire au code de procédure pénale ».
Les dirigeants du parti d’Ennahdha auraient perçu de l’argent en échange de cette décision. « Il y a eu un échange honteux et inhumain… 100 millions de dollars ont été retirés de la Banque centrale de Libye pour cette transaction. Baghdadi Mahmoudi a été anesthésié et livré à des personnes armées de Fajr Libya qui ont remis l’argent axu concernés à l’aéroport de Sfax ». Toujours selon les dires de Maître Mohammed Baccar.
Une affaire scabreuse
Il est également à noter qu’aujourd’hui libre, l’ancien Premier ministre de Mouammar Kadhafi, médecin de son état et vivant actuellement aux Emirats arabes unis après près de huit ans de réclusion, de 2011 à 2019, s’apprête à porter plainte contre la Tunisie. Et ce, à travers les instances libyennes, ainsi qu’auprès de la Cour pénale internationale.
A cet égard, rappelons que Baghdadi Mahmoudi avait été arrêté en septembre 2011 dans le Sud tunisien. Alors qu’il s’apprêtait à se rendre en Algérie.
Condamné à six mois de prison pour « franchissement illégal » de la frontière, il était acquitté en appel. Mais on le maintenait en détention, suite à deux demandes d’extradition adressées par les autorités libyennes. Lesquelles l’accusaient notamment d’avoir ordonné des viols de femmes en Libye.
Livré aux Libyens en catimini le 24 juin 2012, ses avocats dénonçaient déjà un « crime d’Etat ». Ainsi qu’une « transaction » entre Tunis et Tripoli, en contrepartie « d’aides financières et d’investissements ». Nous y reviendrons.