Comme attendu tous les partis de l’opposition ont appelé leurs partisans à manifester aujourd’hui 14 janvier à l’avenue Habib Bourguiba (ou avenue de la révolution comme certains « révolutionnaires » préfèrent le nommer »). Ils entendent commémorer le 11ème anniversaire de la révolution tunisienne et condamner « le coup d’Etat de Kaïs Saïed ». Cependant, cette manifestation illégale se tient dans un contexte sanitaire critique marqué par la reprise des contaminations, la forte propagation du variant Omicron et l’interdiction de toute manifestation et de tout rassemblement. Retour sur une manifestation dans un contexte tendu.
Il ne s’agit pas de la même logique. L’État a ses raisons que l’opposition n’a pas. En effet, l’État invoque la crise sanitaire et la propagation du variant Omicron. Et ce, pour imposer des restrictions sur les rassemblements et les manifestations. En se basant sur les rapports de la commission scientifique.
Logique de l’opposition contre logique de l’Etat
Malgré plusieurs messages affirmant que cette mesure n’a rien à voir avec l’atteinte aux libertés, l’opposition voit les choses autrement. D’ailleurs, tous les leaders des partis de l’opposition qui vont manifester aujourd’hui 14 janvier 2021 avancent que l’interdiction en question est un prétexte pour circonscrire la liberté de manifester. Il suffit de revenir aux communiqués et déclarations du Parti des travailleurs, du Courant démocrate, d’Ettakatol, d’Amal wa 3amal et des autres coalitions.
Ainsi, nous sommes face à deux visions qui s’opposent ce qui présage une confrontation musclées entre les manifestants et les forces de l’ordre dans les artères de l’avenue.
A qui appartient l’avenue Habib Bourguiba / Avenue de la révolution ?
On l’a souvent entendu: « Nous n’avons pas attendu une autorisation pour manifester le 14 janvier 2011 ». Une expression qui porte en elle toute l’indignation aux dictats de l’État et de ses appareils sécuritaires.
Certains considèrent que le 14 janvier a « libéré l’avenue Habib Bourguiba ». De ce fait, l’opposition considère qu’elle s’est accaparée l’avenue Habib Bourguiba depuis la chute de l’ancien régime.
De l’autre coté, l’Etat mise sur la loi et les recommandations de la commission scientifique pour maitriser l’avenue dans un contexte critique. Entre la volonté de « reconquérir » l’avenue Habib Bourguiba et la nécessité d’établir l’ordre, tout l’enjeu est là : un enjeu politique et symbolique à la fois.
Certains partis politiques, dont les participants manifesteront aujourd’hui, ont porté atteinte aux libertés individuelles, à la démocratie et ont donné un coup dur à l’économie nationale. Ironie du sort: ils s’inquiètent aujourd’hui pour la démocratie et le « risque du retour de la dictature ».
Fêter le 14 janvier, mais pour quoi faire ?
Prenons l’exemple de l’appel à manifester de l’initiative « Citoyens contre le coup d’Etat ». Cette initiative fait feu de tout bois. Elle crie sur tous les toits l’injustice et la dictature et le déploiement d’un « appareil répressif ». Elle appelle à « commémorer l’anniversaire de la majestueuse révolution et dévoiler le coup d’Etat ». Un appel qui porte en lui deux mensonges.
Le premier, c’est qu’on ne fête pas une révolution inachevée, une révolution qui n’a pas encore porté ses fruits. Car il faut rappeler que son slogan principal n’a pas été concrétisé « Travail, liberté dignité » (chiffre de l’INS à l’appui). De ce fait, comment oser fêter une révolution inachevée? Comment cela se fait que des partis qui ont déjà été au pouvoir en 2012 et qui n’ont pas réalisé les attentes d’une jeunesse assoiffée de libertés en quête de dignité osent fêter quoi que ce soit aujourd’hui! Il aurait été plus pertinent qu’ils se mettent à l’œuvre en 2012 dans le cadre de la Troïka.
Quant à la « répression », force est de constater que les manifestants disent qu’il s’agit d’un coup d’État. Alors que leurs manifestations bénéficient de l’encadrement et la protection des forces de l’ordre.