Sous le titre « Secret audio sheds light on toppled dictator’s frantic last hours”, BBC news a publié des enregistrements téléphoniques fuités de l’ancien président de la République Ben Ali, les 13 et 14 janvier.
BBC news a choisi la soirée du 13 janvier pour la publication des trois enregistrements. Les enregistrements en question donnent un tant soit peu un éclairage sur la relation de Ben Ali avec trois personnages clés de son système. A savoir : le producteur et homme d’affaires Tarek Ben Ammar, l’homme d’affaires Kamel Ltaïef et Ridha Grira, le ministre de la Défense.
Dans l’entretien téléphonique avec Tarek Ben Ammar, ce dernier félicite Ben Ali pour son discours du 13 janvier et lui assure que « Al Jazira et France 24 font son éloge ». Pour lui, « c’est un retournement historique ». « Voici Ben Ali, le fils du peuple ».
Le deuxième coup de fil était entre Ben Ali et son ministre de la Défense Ridha Grira. Ce dernier annonce à Ben Ali que Mohamed Ghannouchi est désormais président de la République par intérim. Le président lui affirme que c’est normal et qu’il revient dans quelques heures.
Le président de la République, plus tard, appelle l’homme d’affaires Kamel Ltaïf. Ce dernier affirme au président que contrairement aux propos de son ministre de la Défense, la situation dans le pays n’est pas sous contrôle. « C’est le dérapage. L’armée n’est pas suffisante ». Répondant à la question du président s’il lui conseille de retourner en Tunisie, il répond : « La situation n’est pas bonne ». Le chef d’état-major des armées Rachid Ammar, dans un autre coup de fil, assure que la situation est sous contrôle. Cependant, il demande au président d’attendre avant de retourner à Tunis.
Dans une autre communication téléphonique, Ridha Grira affirme au président « qu’on ne maîtrise pas la situation ». Il évoque, également, la possibilité d’un coup d’Etat. Propos auxquels répond Ben Ali en accusant les islamistes de perpétrer ce coup d’Etat. Par ailleurs, il lui dit qu’il ne peut pas assurer sa sécurité s’il décide de revenir à Tunis.