Des milliers d’organisations caritatives s’activent dans les quatre coins du monde pour lutter contre la pauvreté et les inégalités. Un vaste programme qui a toutes les caractéristiques d’un mirage. Le mirage, on le sait, plus on le poursuit, plus il s’éloigne. Il en est de même pour la lutte contre les inégalités dans le monde. Ainsi, plus les ONG s’activent, plus elles dénoncent, plus elles lancent des alertes, plus le fossé entre riches et pauvres s’approfondit.
Oxfam est l’une des plus anciennes, des plus actives et des plus célèbres. C’est devenu une tradition pour cette ONG que de publier en janvier de chaque année un rapport détaillé sur l’aggravation des inégalités dans le monde. C’est à dessein qu’Oxfam fait coïncider son rapport avec le Forum annuel de Davos où se réunissent au début de chaque année les détenteurs et détentrices des grandes fortunes.
Dans son rapport de janvier 2020, juste avant la propagation de la pandémie dans le monde, Oxfam nous informait que « les 2 153 milliardaires du monde ont plus de richesses que les 4,6 milliards de personnes, représentant 60% de la population de la planète. » L’ONG déplorait, comme d’habitude, « l’aggravation scandaleuse » des inégalités dans le monde. On apprend également que « les 22 hommes les plus fortunés du monde ont plus de richesses que toutes les femmes d’Afrique »…
Le rapport 2022 d’Oxfam sur les inégalités
Dans son rapport de janvier 2022, publié il y a quelques jours, Oxfam nous apprend que « les dix hommes les plus riches du monde ont plus que doublé leur fortune. Passant de 700 milliards de dollars à 1,5 trillion de dollars – à raison de 15 000 dollars par seconde ou 1,3 milliard de dollars par jour – au cours des deux premières années de la pandémie. »
Le même rapport nous apprend également que « si ces dix hommes devaient perdre 99,999% de leur richesse demain, ils seraient encore plus riches que 99% de tous les habitants de cette planète. » Ces mêmes dix personnes « ont maintenant six fois plus de richesses que ne possèdent les 3,1 milliards de personnes les plus pauvres. »
Les rapports réguliers d’Oxfam montrent comment, chaque année, les inégalités dans le monde augmentent. Non pas de manière exponentielle, mais de manière qui dépasse l’entendement. Franchissant donc toutes les frontières de l’obscénité et de l’immoralité.
La pandémie, un accélérateur des inégalités
Avec la propagation de la pandémie à une échelle planétaire, le coronavirus s’est révélé un allié inattendu des inégalités. Il a vite pris l’aspect d’une machine infernale d’aggravation de la pauvreté et de la misère; d’intensification de la souffrance et de multiplication du nombre des morts.
En effet, la combinaison toxique des inégalités et du virus au cours des deux dernières années a bouleversé la vie de l’humanité. Des millions de personnes sont décédées. On meurt parce qu’on n’a pas été vacciné à temps. On meurt parce qu’on n’a pas les moyens de se payer des soins privés. Et on meurt de faim parce qu’on n’a pas les moyens d’acheter de la nourriture.
Entre temps, les plus riches continuent d’accumuler les richesses et de grandes entreprises continuent d’engranger des bénéfices sans précédent. La question qui se pose est la suivante: pourquoi, en dépit de l’activisme du réseau planétaire d’ONG, malgré leurs dénonciations assourdissantes, les inégalités continuent de s’approfondir de jour en jour, d’année en année? Pourtant, l’inégalité n’est pas un concept abstrait, mais une réalité dévastatrice. Pourtant, le mécanisme de la fiscalité est là et est en mesure de combler le fossé vertigineux qui sépare les riches et les pauvres.
Des élites sous influence
La réponse à cette question est claire: les élites politiques mondiales qui ont le pouvoir de décision ne sont pas libres de leurs actions. Elles sont sous l’influence des grandes fortunes. Car les milliardaires n’achètent pas seulement des avions privés et des yachts, mais achètent aussi des partis, des parlements et des gouvernements.
L’avidité maladive des milliardaires est incompréhensible. Sans faire de gros sacrifices, ils pourraient résoudre une grande partie des problèmes causés par la grande pauvreté et la misère. Selon le calcul des experts, un impôt de seulement 1% sur les grandes fortunes génèrerait deux trillions de dollars. Une somme suffisante pour financer les objectifs du développement durable.
Le jour où il sera trop tard d’agir, et ce jour est proche, les seuls perdants seront les riches. Les pauvres n’ont rien à perdre.