Le processus du 25 juillet 2021 en Tunisie devait mettre fin à la dizaine d’années de braises et éclipser l’islam politique. Kaïs Saïed, le président de la République, auréolé par sa grande victoire populaire, engagea une guerre d’usure contre Ennahdha.
Culpabilisé et discrédité, par ses dérives, ce parti semblait perdre son audience. Etait-ce la fin d’une « illusion »? Mais les manifestations du 14 janvier en Tunisie, de protestation contre le soi-disant « pouvoir personnel », devait ébranler les assises du président de la République. Et du même coup rehausser Ennahdha et faire valoir les ennemis du 25 juillet.
D’ailleurs, mus par la volonté de conquête du pouvoir, les partis Joumhouri, Etakattol et la gauche, y compris des anciens membres de la mouvance Perspective rejoignirent Ennahdha. Et ils participèrent au sit-in qu’elle organisait. Ils s’érigèrent en parechoc du mouvement islamique, transgressant leurs idéologies fondatrices. Ils devinrent ses « alliés objectifs ». Mais au-delà de cet engagement, ils furent ses « prises de guerre », dans une Tunisie en crise.
Se rendaient-ils compte, qu’en s’érigeant en alliés de l’islam politique, ils mettaient fin à la transition démocratique et occultaient leurs promesses. La chute de Kaïs Saïed, restaurerait la Troïka et marginaliserait la gauche et l’ensemble de la mouvance démocratique. De ce fait, ils assumeraient le rôle d’agents de prises du pouvoir du parti islamique. Ont-ils pris conscience de la portée de leur dérive?
D’autre part, leur abandon de leurs programmes socio-économiques conforterait la politique gouvernementale en faveur de la suppression des subventions. Affaiblissant ainsi le pouvoir d’achat et bloquant le traitement de la crise économique.
Fait évident, traduisant leur démission, ils ont omis de condamner l’augmentation du prix du pain, fut-elle progressive et dans certains quartiers.
Se souvenant de la manifestation du pain de 1984 et craignant une explosion sociale, le gouvernement a engagé un essai, pour tester l’opinion publique. Le désarroi de la classe politique et leur laisser-faire encouragerait la soumission du gouvernement aux dictats du FMI.